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- Lutte ouvrière n°1969
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Dans les entreprises
Verneuil-sur-Avre (27) : Menaces de licenciement: une première réaction
«Les gros se sont tirés et s'en tirent et ce sont toujours les petits qui payent». Ce cri de rage poussé par une ouvrière avec des larmes dans la voix exprimait bien le sentiment de la plupart des 350personnes venues manifester le jeudi 20avril dans les rues de la petite ville de Verneuil-sur-Avre contre des menaces de licenciements dans plusieurs usines. Les salariés, soutenus par quelques commerçants qui avaient fermé boutique, répondaient à l'appel des syndicats FO de trois des entreprises de la zone industrielle, Lorrin, Valois et Safet. Cette dernière, la plus importante de la zone avec 320 salariés, imprime et fabrique des emballages métalliques (boîtes de conserves, de bonbons, bidons d'huile, pots de peinture, etc.). Elle est en redressement judiciaire. Des trois principaux repreneurs sur les rangs, le «plus offrant» garderait 160 travailleurs. Les deux autres à peine 110 voire 40!
Pour l'instant les travailleurs attendent la décision du tribunal de commerce. Quant à la direction qui a déjà reçu l'assurance d'être reprise dans son ensemble, elle entretient un climat d'incertitude. Elle refuse toute information et laisse croire à chacun qu'il ne sera pas touché. Inquiète des réactions possibles, elle exerce en outre un chantage permanent «pas de vague, ni grève, ni quoi que ce soit qui puisse effrayer les repreneurs». La présence d'une majorité des travailleurs de l'usine à la manifestation a au moins montré que le chantage n'avait pas pris.
Le nombre important en a regonflé certains qui ont commencé à envisager une lutte collective de plus grande ampleur. S'ils savent que des licenciements auront lieu, quelle que soit la décision du tribunal, ils savent aussi qu'ils devront se battre pour obtenir autre chose que de dérisoires indemnités. Ce que certains exprimaient avec détermination dans les nombreuses discussions qui suivirent la fin de la manifestation: «pas question de se laisser virer comme des malpropres, vendons chèrement notre peau».