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Leur société
"Immigration choisie" : Tous les travailleurs sont visés
On aurait tort de croire que les mesures proposées par Sarkozy pour rendre plus difficile, plus précaire, la situation des travailleurs immigrés et de leur famille ne concernent que ces derniers. Ou, pire encore, qu'elles seraient destinées à protéger les travailleurs de nationalité française contre la «concurrence étrangère».
C'est ce que voudraient laisser croire ces spécialistes en démagogie, Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen, et c'est aujourd'hui ce que laisse entendre Nicolas Sarkozy, qui marche sur leurs traces.
En réalité, les patrons, et les politiciens à leur service, ont toujours attisé la concurrence entre travailleurs afin de les dresser les uns contre les autres pour mieux en tirer profit: français contre immigrés, chômeurs contre actifs, fonctionnaires contre salariés du secteur privé. Souvenons-nous -cela n'est pas si vieux- de la façon dont Balladur s'était attaqué, dans un premier temps, aux retraites des salariés du privé pour qu'ensuite, en 2003, Fillon prenne prétexte de cette «inégalité» pour imposer un même régime à presque tous les salariés. Le pire, c'est que certains parmi les travailleurs s'étaient laissé prendre à ce piège grossier, et pensaient qu'il n'y avait pas de raison pour que tout le monde ne soit pas logé à la même (mauvaise) enseigne.
Le discours de Sarkozy sur «l'immigration choisie» n'a pas pour but, c'est évident, d'améliorer le sort des travailleurs étrangers, même celui des heureux élus choisis en fonction des besoins de notre «économie», pour reprendre les termes de son discours. Certes, les sélectionnés seraient sans doute mieux lotis que leurs camarades restés au pays sans emploi, mais ils seraient à la fois sous-payés et surutilisés comparé aux salaires et aux conditions de travail qui prévalent encore en France.
On a pu connaître la situation des travailleurs indiens ou polonais utilisés dans des conditions indignes par des grandes entreprises comme EDF à Porcheville ou les Chantiers navals de Saint-Nazaire, parce qu'ils se sont rebellés contre la situation indigne qui leur était imposée. Mais il en est de même aujourd'hui dans d'autres branches, de façon ouverte ou cachée, où des patrons de différents calibres surexploitent des travailleurs issus de l'immigration. L'objectif de Sarkozy et de sa loi, au-delà des calculs électoraux qui l'animent, n'est pas tant, comme il le prétend, de pallier le manque de main-d'oeuvre dans les secteurs qui n'en trouveraient pas. Il vise à faciliter plus encore la mise en concurrence entre les salariés, pour peser sur leurs conditions de travail et sur leurs salaires. Pour le bien de tous? Non, pour les profits des patrons.
Une nouvelle fois, le piège est grossier. Il ne faut pas s'y laisser prendre. À ceux qui veulent diviser plus encore les travailleurs pour mieux les exploiter, une seule réponse: Travailleurs de tous les pays, nous sommes une seule et même classe ouvrière, qui a les mêmes intérêts face à tous les patrons et à tous leurs serviteurs.