Grande-Bretagne - PSA : le chauvinisme des appareils syndicaux: une politique dangereuse pour les travailleurs28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne - PSA : le chauvinisme des appareils syndicaux: une politique dangereuse pour les travailleurs

Si les commentateurs britanniques se sont dits surpris par la fermeture de l'usine PSA de Ryton, ce n'est pas le cas des travailleurs, et en particulier pas de ceux de Ryton qui connaissent le chantage à la fermeture de PSA. Beaucoup sont inquiets, parfois en colère, mais sûrement pas surpris.

Car cette fermeture vient s'ajouter à une longue liste de licenciements dans l'automobile: Vauxhall, Jaguar, Land Rover, MG-Rover, PSA, etc. Au total, sans la fermeture de Ryton, 10000 emplois de production ont disparu en moins de deux ans dans l'automobile, non compris la sous-traitance.

Face à cette hémorragie d'emplois dans l'une des principales industries du pays, les directions syndicales brillent pas leur passivité.

Sans doute, ont-elles multiplié les déclarations tonitruantes contre la fermeture. Mais en même temps, elles ont entonné leur rengaine favorite: si PSA licencie en Grande-Bretagne (sous-entendu, et pas en France) c'est que légalement un licenciement y coûte moins cher au patronat.

Mais quant à proposer aux ouvriers de Ryton, ou de l'automobile en général (car toutes les usines ont des plans de «restructuration» en cours), la perspective de se battre pour défendre leur droit à un salaire, il n'en est pas question. La seule «action» évoquée à ce jour, si l'on peut parler d'action, consiste à appeler les militants syndicaux à organiser des piquets symboliques devant les concessionnaires PSA dans tout le pays!

Pendant ce temps, les travailleurs de Ryton s'entendent dire qu'il ne faut pas «faire des vagues» car cela pourrait affaiblir la position des syndicats dans les négociations à venir sur les indemnités de licenciement! Il est vrai qu'il n'est néanmoins pas exclu, comme cela s'est produit bien des fois dans le passé, que les travailleurs de Ryton fassent éclater quand même leur colère en forçant la main des appareils.

Cela étant, les relents chauvins de la propagande des appareils syndicaux ont un caractère encore plus choquant dans le contexte actuel. Car ils renforcent l'ambiance xénophobe encouragée, entre autres, par la presse à grand tirage et qui s'alimente de l'aggravation des conditions matérielles de vie de la population laborieuse.

Coventry, comme bien des villes industrielles du centre de l'Angleterre, a connu au fil des fermetures d'usines une montée en flèche du chômage réel. Les ouvriers d'hier se retrouvent, au mieux, dans des emplois précaires, dans une grande surface ou un entrepôt, avec un salaire réduit de moitié. Quant aux jeunes, une grande partie d'entre eux sont sans emploi. Seuls les truquages statistiques et la courte durée des allocations chômage cachent le niveau du chômage réel. En même temps, l'infrastructure collective des quartiers populaires s'est détériorée au point de créer une crise aiguë du logement pour les familles à revenu modeste, tandis que les services publics se dégradent de plus en plus du fait des privatisations.

Tout cela constitue un terreau social sur lequel, en l'absence d'une autre perspective, et du fait de la politique antiouvrière du Parti Travailliste au pouvoir, les idées réactionnaires peuvent trouver à se nourrir. Ce n'est pas un hasard si la région des Midlands, où se situent Coventry et la ville de Birmingham, est devenue un bastion du Parti National Britannique (BNP), une minuscule version «musclée» du Front National. Outre le racisme imbécile propre à l'extrême droite, c'est par une démagogie destinée à capter le mécontentement des classes pauvres, en leur promettant un avenir meilleur par un protectionnisme xénophobe, un rationnement des services publics, des emplois au profit des Anglais et un retour aux «valeurs de l'Empire», que le BNP a réussi à gagner du terrain.

La politique chauvine qu'adoptent les appareils syndicaux, face aux attaques visant la classe ouvrière à Ryton et ailleurs, n'a sans doute d'autre but que de servir de paravent à leur refus de prendre l'initiative d'une riposte. Mais elle n'en encourage pas moins ce glissement réactionnaire dans la société britannique.

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