Fonderie Rencast – Delle (90) : Licencieurs et profiteurs28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderie Rencast – Delle (90) : Licencieurs et profiteurs

Après des semaines d'attente, le couperet est tombé début avril: la direction de Rencast a annoncé un plan de 77licenciements, 55ouvriers et 22Etam (employés, techniciens et agents de maîtrise), à l'usine de Delle, ex-Valfond, qui compte 211salariés et produit des pièces de moteur en aluminium pour l'automobile.

Rencast voulait licencier d'abord et vite les plus jeunes, mais pas les plus anciens qui sont une trentaine, dont beaucoup usés par des dizaines d'années de travail en fonderie. On comprenait, vite aussi, que les patrons cherchaient encore à économiser sur les indemnités, à augmenter les suppressions d'emplois «naturellement», voire à fermer l'usine. Les travailleurs parlaient alors de réclamer 30000 euros d'indemnité de licenciement, et 1000 euros par année d'ancienneté.

Quand le banquier UBS (Union des Banques Suisses) s'est débarrassé de Valfond en 2004, avec des fermetures d'usines, des licenciements et un moratoire de huit ans pour les dettes sociales estimées à 40millions d'euros, deux cadres de Valfond ont créé Rencast pour «reprendre» six fonderies d'aluminium de ce groupe, en faisant des affaires fructueuses payées au prix fort par les salariés. Depuis, à Delle, les effectifs en CDI ont été encore réduits, les conditions de travail aggravées, c'est la course à la productivité, la réorganisation des équipes pour diminuer les salaires pendant que des machines sont déménagées vers d'autres sites.

Pour les salaires, lors des négociations annuelles, les ouvriers ont voulu marquer le coup. Durant les discussions, mercredi 19avril, il y a eu un débrayage et une assemblée le matin; quand les délégués sont venus rendre compte l'après-midi, alors que la direction proposait 20euros d'augmentation générale à compter du 1eravril, jusqu'au coefficient 215, les ouvriers de l'après-midi, qui attendaient dans les ateliers, sont sortis et montés dans les bureaux où se déroulaient les discussions. L'équipe de nuit a débrayé aussi, et le lendemain, l'équipe du matin a prolongé le débrayage prévu en début de poste jusqu'à ce que le patron cède sur ce qui était revendiqué: 30euros d'augmentation générale jusqu'au coefficient 240 inclus, à compter du 1erjanvier.

C'est un premier point marqué qui encourage à se défendre pour la suite.

En effet, on vient juste d'apprendre que Rencast prétend ne pas avoir les moyens de financer son plan de licenciements et envisagerait de repousser les échéances en septembre avec un dépôt de bilan! Ils disent aussi vouloir faire faire les deux tiers de la production dans leur toute récente usine de Tunisie. Mais en attendant, ils voudraient qu'on produise plein pot pour refaire le plus vite possible des stocks de pièces...

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