Congrès de la CGT : Des objectifs bien vagues28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Congrès de la CGT : Des objectifs bien vagues

Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a ouvert lundi 24 avril le 48econgrès de la CGT par un discours programme censé fixer les orientations de la confédération pour les trois ans à venir. La presse a souligné à cette occasion le ton «offensif» de Thibault qui a déclaré: «Nous venons de faire la peau au CPE, nous devons obtenir celle du contrat nouvelle embauche». Mais en fait, en dehors de cette belle sortie, les militants qui en auraient attendu une véritable réponse aux problèmes rencontrés par la classe ouvrière seront restés sur leur faim.

Après le succès de la lutte contre le CPE, Bernard Thibault a posé comme objectif le CNE, proposant «que dans les tout prochains jours, tous les syndicats se concertent avec, pour cible, le contrat nouvelle embauche»

Mais, comme lui-même l'a souligné, il s'agissait à ce congrès de définir comment la confédération pouvait répondre à la situation de plus en plus grave subie par l'ensemble des salariés et retraités.

Or le secrétaire général de la CGT s'est d'abord lancé dans un très long développement en forme de conseil aux entreprises: «Les entreprises... doivent renforcer leur capacité d'innovation et la qualité de leurs emplois». «Il faut raisonner en terme de filières, identifier les cohérences, repérer ce qui freine le développement... orienter l'effort de recherche et de développement, évaluer l'opportunité des innovations». Est-ce que cela veut dire que les militants CGT doivent se faire les conseillers des patrons sur la façon de gérer leurs affaires? Et comment pourrait-il y avoir sur ce plan un quelconque terrain de convergence entre salariés et patronat?

En revanche, le programme revendicatif s'est retrouvé, dans le discours de Thibault, réduit à la portion congrue, celui-ci parlant de «trois revendications (...) au centre des préoccupations des salariés... je veux parler du pouvoir d'achat, de la protection sociale et de l'emploi». Mais c'était pour indiquer, comme seul moyen de faire avancer la revendication salariale, les «négociations obligatoires» des salaires dont il faudrait faire «un enjeu de mobilisation».

Sur le sujet de la protection sociale, Thibault est resté tout aussi vague, déclarant que «ce qui est à l'ordre du jour ce n'est pas d'en limiter le champ pour laisser place aux intérêts privés, mais de l'améliorer pour mieux répondre à la croissance et à la diversification des besoins de protection».

Restaient les objectifs concernant l'emploi, alors que celui-ci est quand même au coeur des angoisses de millions de travailleurs et de tous les militants des entreprises du privé et que Bernard Thibault a annoncé solennellement vouloir en faire la priorité de la CGT. Sur ce sujet déterminant, il a résumé l'action du syndicat en évoquant les rappels d'allocations chômage faits en 2004 aux «privés d'emploi»: «Plus d'un million de «recalculés» ont bénéficié, par notre action, d'une réparation financière de leurs droits. Cela n'enlève rien à l'urgence de réformer en profondeur le système d'assurance chômage afin que celui-ci soit réellement solidaire» a-t-il dit.

Mais que faudrait-il dire et proposer aux travailleurs pour s'opposer aux multiples plans de licenciements en cours ou à venir, et d'abord dans les entreprises les plus riches du pays, Total, Arcelor, Alcatel, PSA Peugeot-Citroën, etc. ? Le secrétaire général de la CGT n'a-t-il donc rien à proposer pour rassembler les travailleurs dans le combat pour enrayer la machine à licencier?

Pourtant, le mouvement contre le CPE l'a montré, c'est bien par la lutte, par les grèves et les manifestations dans la rue que l'on a pu faire reculer le gouvernement. C'est par la même voie que l'on peut les faire reculer, lui et le patronat, sur les salaires, sur les licenciements, sur la protection sociale et les retraites, dans tous les domaines où, depuis des années, les travailleurs subissent attaque sur attaque. Cette lutte n'est certes pas facile, mais il serait plus qu'urgent de s'y préparer sérieusement.

Visiblement, malgré ce qu'il dit, Bernard Thibault n'a pas fait sienne la leçon de ces dernières semaines. Il reste à espérer que nombre de militants et de travailleurs conscients, membres ou non de la CGT, eux, l'aient bien assimilée.

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