Budget des hôpitaux: : les malades passent toujours après les patrons28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget des hôpitaux: : les malades passent toujours après les patrons

L'hôpital public est malade d'un manque de moyens financiers de plus en plus criant. En 2004, les dépenses non réglées en fin d'année, et qu'il a fallu reporter sur l'année suivante, se chiffraient à 500millions d'euros. En 2005, elles ont atteint un montant d'un milliard d'euros et en 2006, à en croire Claude Évin, président de la FHF, Fédération hospitalière de France et ancien ministre socialiste de la Santé, il manquera 1,5milliard d'euros aux établissements pour assurer l'ensemble de leurs missions.

Derrière ces chiffres et ces milliards d'euros, il y a une réalité quotidienne bien sombre, pour le personnel comme pour les malades. Tous les travailleurs hospitaliers, médecins, infirmiers ou autres, savent que le manque de personnel est criant et que les créations de postes sont notoirement insuffisantes quand, pire, ce ne sont pas des réductions nettes d'effectifs. Faute de personnel, bien des hôpitaux ferment des lits, en particulier à l'approche des congés d'été et c'est bien sûr l'accueil des malades qui se dégrade. Pour tous ceux qui ont eu à fréquenter un hôpital, pour eux-mêmes ou pour un de leurs proches, la dégradation de l'hôpital public n'est pas un mot creux.

Xavier Bertrand, l'actuel ministre de la Santé, se défend en expliquant que la Sécurité sociale a prévu une augmentation de 3,44% du budget des hôpitaux, ce qui correspond à une rallonge de deux milliards d'euros. Évin lui rétorque qu'il faudrait une hausse de 4,32%. Entre ministres, on parle chiffres et pourcentages, mais aucun d'eux ne pose le problème autrement qu'en gestionnaire, comme si la santé publique était un secteur économique comme un autre.

Depuis des années, Évin comme Bertrand ont mené la même politique, qui fait que le budget de l'État ne sert pas à financer ce secteur vital et qui consiste à prendre dans les caisses de la Sécurité sociale pour financer l'hôpital public, car -on l'oublie parfois- celui-ci, comme d'ailleurs les cliniques privées, est financé pratiquement à 100% par la Sécurité sociale et les malades eux-mêmes. Et, pour faire face à l'augmentation des dépenses de santé et des budgets hospitaliers, de droite comme de gauche, les ministres de la Santé ont toujours présenté la note aux salariés, en augmentant leurs cotisations sociales, en instaurant le forfait hospitalier et aujourd'hui le racket d'un euro par consultation

Le budget de la Sécurité sociale, qui est pris directement et indirectement sur la paye des salariés, est de plus en plus une réserve dans laquelle les gouvernements piochent pour distribuer au patronat, aides, subventions et baisses de cotisations sociales, que l'État se garde de rembourser en totalité. Et c'est pour combler ce déficit dont ils sont responsables que les gouvernements réduisent toujours plus les budgets des hôpitaux, comme des remboursements des soins pour les assurés sociaux.

Car, pour limiter les dépenses, ils ont toujours refusé de s'en prendre aux énormes profits de l'industrie pharmaceutique et des fabricants de matériel. Pour le patronat, l'État n'est jamais assez généreux, mais pour la Santé ce n'est jamais à lui de payer. Voilà leur «logique» et leurs priorités, et ce ne sont pas celles de la santé publique.

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