Belgique : La division poursuit son chemin28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : La division poursuit son chemin

Les 20 et 21 avril a eu lieu un congrès extraordinaire de la CMB, la Centrale de l'industrie du Métal de Belgique, une des plus grosses branches de la confédération FGTB. À la demande surtout des dirigeants wallons, 86% des 400 délégués ont décidé de se scinder en trois «ailes», flamande, wallonne et bruxelloise.

Le prétexte de ce divorce est l'appartenance du président de la centrale, Herwig Jorissen, à une organisation d'extrême droite flamande... quand il avait 17 ans, alors que sa famille d'agriculteurs était très proche d'un des fondateurs de la Volksunie, un parti nationaliste flamand qui composait avec l'extrême droite.

Cela pourrait n'être qu'une erreur de jeunesse facilement explicable et ce serait plutôt son mérite de ne pas y être resté quand il est devenu ouvrier en Wallonie. En revanche, les dirigeants wallons se gardent bien de reprocher à Jorissen son rôle lors de la fermeture de Renault Vilvorde, alors qu'on a eu la preuve peu après qu'il s'était engagé, auprès des dirigeants politiques et patronaux belges, à tout faire pour éviter que la lutte des ouvriers de Renault contre la fermeture de leur entreprise ne fasse tache d'huile en Belgique. Sans doute parce que cela ne les choque pas et qu'ils en auraient fait autant! La CMB organisa bien des délégations massives d'ouvriers de Renault Vilvorde, jusqu'à pénétrer dans les ateliers d'usines Renault en France, notamment à Douai, avec d'ailleurs un bon accueil. Mais elle se garda bien de s'adresser de la même façon aux travailleurs de Belgique, pourtant eux aussi sensibles aux menaces de fermetures d'entreprises

Aujourd'hui, les dirigeants syndicaux font une nouvelle fois la démonstration de leur irresponsabilité et montrent à quel point les intérêts des travailleurs comptent peu pour eux. À l'heure des fusions mondiales des entreprises, des attaques contre les travailleurs orchestrées à l'échelle de l'Europe, de la mise en concurrence des salariés d'Europe et d'Asie, ces bureaucrates ne trouvent rien de mieux que d'imiter les politiciens belges les plus séparatistes et de diviser leur syndicat selon les mêmes clivages régionaux et linguistiques. L'organisation du grand patronat belge, elle, n'a pas suivi cette voie, parle d'une même voix et avance avec une belle unité quand il s'agit d'imposer aux travailleurs les intérêts de la bourgeoisie.

De nombreux militants de base ressentent cette division comme un coup de poignard dans le dos, surtout à Bruxelles où la division et les difficultés militantes vont s'aggraver, dans la mesure où de nombreuses entreprises, notamment Volkswagen, la plus grosse d'entre elles, emploient des travailleurs des deux langues, néerlandaise et française.

Et pour beaucoup, la scission de la CMB pourrait être le prélude d'une scission générale de la FGTB et, à terme, de la Sécurité sociale, une des dernières structures communes entre les deux parties du pays.

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