Allemagne : La grève de la métallurgie n’a pas eu lieu28/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1969.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : La grève de la métallurgie n’a pas eu lieu

C'est finalement sans engager la grève qu'elle menaçait de déclencher depuis des semaines, que l'IG Metall, le Fédération syndicale de la métallurgie, a conclu un accord salarial, samedi 22 avril, avec l'organisation patronale Gesamtmetall.

Alors que l'accord précédent avait expiré fin février, le syndicat réclamait une augmentation de 5%. C'était déjà un montant inférieur à ce qui avait été mis en avant dans bien des réunions syndicales d'entreprise. De son côté, le patronat ne proposait que 1,2% de hausse, soit un chiffre qui se situait au-dessous du taux officiel de l'inflation qui, comme en France, ne reflète pas vraiment la hausse des prix. Il a fallu dix semaines de négociations et une dernière discussion marathon de 18 heures pour que les dirigeants syndicaux signent un compromis qu'ils qualifient d'acceptable... et qui leur a surtout permis de ne pas déclencher une grève qu'ils tenaient manifestement à éviter.

«L'accord-pilote» concerne les 700000 salariés des industries métallurgiques et électriques de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il sera étendu, comme c'est la tradition, aux autres secteurs tarifaires. Au total il concerne 3,4 millions de salariés. Il comporte une hausse de salaire de 3% au 1er juin 2006. Et une prime de 310 euros devrait être versée pendant les mois de mars, d'avril et de mai. Mais ce versement pourra être supprimé en fonction d'accords locaux. Ce qui ne garantit en réalité aux salariés qu'une hausse de 2,3% pour 13 mois. Le pouvoir d'achat moyen des salariés ne sera donc même pas préservé, d'autant qu'une augmentation de la TVA de 3% doit intervenir le premier janvier 2007. Et d'autres taxes doivent aussi augmenter.

Malgré les déclarations sur les difficultés des entreprises face à la concurrence et les salaires trop élevés en Allemagne, le patronat s'est réjoui de cet accord. Martin Kannegiesser, le dirigeant de Gesamtmetall a ainsi pu déclarer que les entreprises de sa branche étaient «en moyenne dans une très robuste situation». C'est un euphémisme. Au cours des trois dernières années, les profits des quarante plus grandes entreprises de la métallurgie ont pratiquement doublé. Et selon un rapport récent publié par l'IG Metall, la part des salaires dans la métallurgie est passé de 25,2% du chiffre d'affaires en 1991 à 17,6% en 2005. Témoignent également de cette bonne santé des entreprises les chiffres publiés le 25 avril par l'institut Ifo: le baromètre de la confiance des patrons allemands s'est établi ce mois-ci à son plus haut niveau depuis quinze ans. Il équivaut à celui de la période d'euphorie, pour le patronat, qui a suivi la chute du Mur de Berlin et la disparition de l'Allemagne de l'Est.

Dans ces conditions, il est évident qu'il était possible d'obtenir bien plus... que ce que le patronat a cédé sans combat. L'IG Metall prétend regrouper une force considérable: 2,4 millions de membres sur 3,4 millions de salariés du secteur. Mais que fait-elle de cette force?

D'ailleurs de nombreux travailleurs qui ont participé, depuis un mois, aux débrayages d'avertissement organisés par le syndicat (l'IG Metall indique que plus de 700000 salariés ont participé à ces actions ponctuelles) s'étaient déclarés prêts à la grève. Mais ce que veulent les travailleurs n'est visiblement pas le souci des dirigeants d'IG Metall.

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