Saint-Gobain-Desjonquères – Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) : La colère monte20/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1968.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Gobain-Desjonquères – Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) : La colère monte

Ces dernières semaines plusieurs débrayages ont eu lieu à l'usine Saint-Gobain de Sucy, en particulier suite à l'annonce qu'il n'y aurait ni intéressement ni participation en 2006. Il faut dire que dans les circonstances actuelles -Saint-Gobain se vante de profits records et achète des entreprises par dizaines- cela apparaît comme une véritable provocation.

En 2005 en effet, l'entreprise a annoncé un bénéfice de 1,3milliard d'euros, en hausse de 6,4% par rapport à 2004. Les dividendes distribués aux actionnaires ont augmenté eux aussi de 6,3%. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'entreprise déclare avoir racheté plus de 60 entreprises. Pour s'emparer du géant anglais de la fabrication des plaques de plâtre, BPB, l'entreprise a dû mobiliser 5,9milliards d'euros! Et 2005 était dans la continuité de 2004, année pour laquelle Saint-Gobain annonçait un profit de 1,12milliard d'euros, en hausse de 10%, un dividende en augmentation de 11% et 41 nouvelles entreprises rachetées.

Mais quand il s'agit de reverser ne serait-ce que quelques miettes à ceux qui ont produit cette richesse, les résultats s'inversent. Selon le principe «diviser pour régner», les calculs se font par branches, et dans la branche flaconnage, nous n'aurions pas été assez rentables. Le «seuil de déclenchement» de l'intéressement n'aurait pas été atteint paraît-il. Cette annonce nous a en tout cas fait atteindre le seuil de déclenchement de la colère et ce n'est pas fini.

Surtout que d'autres raisons nous donnaient envie d'exprimer notre ras-le-bol, en particulier la baisse régulière des effectifs. Pratiquement chaque année, la direction met en place une «nouvelle structure». En clair, il s'agit de faire tourner toujours autant de lignes de production, mais avec de moins en moins de personnel. Pour conduire la production au bout chaud -de la sortie des fours jusqu'aux derniers traitements du verre- il n'y a plus qu'un seul ouvrier par ligne, travaillant dans un bruit et une chaleur infernale. Quant au bout froid -pour contrôler et emballer les flacons- là où il y avait encore récemment deux voire trois salariés, il n'en reste plus qu'un. Au moindre problème, d'un côté comme de l'autre, c'est la panique.

Et pour boucher les trous, la direction use et abuse des intérimaires, CDD et stagiaires. Moins au fait des dangers liés à la manipulation du verre, ces travailleurs précaires se font régulièrement des brûlures et des coupures. Mais même les salariés les plus aguerris, à force de devoir aller vite, peuvent être accidentés. Un genou blessé, un bout de doigt emporté, ce sont deux des derniers accidents de l'usine.

Et c'est pourquoi plusieurs débrayages ont été particulièrement bien suivis ces dernières semaines. Y compris ceux pour l'abrogation du CPE. Mais comme l'essentiel des problèmes demeurent, notre colère reste intacte.

Partager