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- Lutte ouvrière n°1968
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Dans les entreprises
La Poste - Centre de tri J.-J.-Bosc – Bègles – Bordeaux : La direction prolonge les sanctions
Suite au conflit contre la suppression de plus de 40 emplois en mai 2005, la direction de La Poste avait lourdement et injustement sanctionné quatorze syndicalistes du centre de tri sous le prétexte que cinq cadres avaient été retenus pendant une nuit dans une des salles du centre de tri. Elle avait par ailleurs porté plainte au pénal pour «séquestration ».
Un syndicaliste contractuel avait été licencié, des «exclusions temporaires de fonctions»allant de trois mois à deux ans avaient été prononcées. D'autres postiers avaient été mutés d'office dans des bureaux de poste. Avec de telles sanctions, la direction de La Poste entendait faire un exemple, et ce d'autant plus que, dans les centres de tri, La Poste est engagée dans une vaste réorganisation avec la mise sur pied de plates-formes industrielles régionales, ce qui va se traduire par des milliers de suppressions d'emplois dans les années à venir.
En septembre dernier, le tribunal administratif avait suspendu les sanctions de deux des quatorze postiers. Mais le Conseil d'État a décidé en mars de casser la décision du tribunal administratif de Bordeaux qui avait permis la réintégration d'un des deux postiers, l'autre voyant sa suspension de sanction confirmée grâce à un autre vice de forme: le directeur qui avait signé la sanction suite au conseil de discipline n'était pas le bon. Et, grâce à ce même vice de forme, sur deux autres dossiers, dont celui du secrétaire du syndicat, le Conseil d'État a également ordonné la suspension des sanctions.
Le Conseil d'État autorisait donc La Poste à exclure de nouveau un des syndicalistes réintégrés par le tribunal administratif. Mais elle aurait dû réintégrer les deux autres, au moins jusqu'au jugement sur le fond. Sans hésiter, la direction de La Poste a contourné cette décision avec la manoeuvre suivante: elle a simplement annulé les sanctions prises en juillet dernier pour les trois dossiers visés par le Conseil d'État pour vice de forme et, sans même se donner la peine de réunir un nouveau conseil de discipline, elle a fait signer les mêmes sanctions cette fois-ci par le «bon» directeur. Au final, les deux réintégrés en septembre sont de nouveau exclus, et aucun des quatorze n'a réintégré le centre de tri, contrairement à ce que préconisait le Conseil d'État.
Les nouvelles sanctions prises prennent effet... au 14 avril 2006, ce qui revient dans les faits à prolonger de 10 mois les exclusions de fonctions, le dernier devant ainsi réintégrer La Poste en avril 2008! La Poste promet, et c'est quand même le moins qu'elle puisse faire, de «reconstituer leur carrière» entre juillet 2005 et avril 2006. Rappelons que durant cette période ils étaient dehors, certains devant se débrouiller avec des petits boulots mal payés, la solidarité des postiers comblant les pertes de salaires.
De nouvelles procédures contre ces dernières décisions de La Poste vont bien sûr être engagées par les postiers. Car ce n'est évidemment pas l'acharnement de la direction de La Poste, son mépris des postiers et même des décisions rendues en leur faveur, qui feront changer d'avis tous ceux qui trouvent sa politique de suppression d'emplois inacceptable. Bien au contraire!