Ségolène Royal : Votre programme sera le mien12/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1967.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ségolène Royal : Votre programme sera le mien

Ségolène Royal est en tête des sondages. Elle serait même susceptible de l'emporter sur Sarkozy, dit-on, devançant ses rivaux du PS. On la voit à la télé, les hebdos en font leur Une.

Est-ce à dire que cette ancienne ministre de l'Environnement dans le gouvernement de Bérégovoy en 1992, puis de l'Enseignement scolaire sous Jospin en 1997, députée des Deux-Sèvres depuis 1988, présidente de la région Poitou-Charentes depuis mars 2004, a des propositions et un programme qui la différencient de ses collègues du Parti Socialiste?

À lire les reportages et les interviews qui sont publiés, absolument pas. Sa carrière, de l'École nationale d'administration à la présidence de Poitou-Charentes, en passant par les députations et les ministères, montre qu'elle n'a rien d'une personnalité hors du système qui laisse penser qu'elle mènerait une politique différente de celle de ses rivaux de gauche... et de droite. La plupart des thèmes qu'elle aborde, y compris ses références à la démocratie participative, fort à la mode ces derniers temps, sont partagés par bien d'autres candidats.

Elle mène campagne, ces jours-ci, en se réclamant des valeurs traditionnelles, comme la famille, l'autorité parentale, l'ordre. Elle affirme vouloir réconcilier avec les entreprises, c'est-à-dire les patrons, aussi bien la société française que l'université. Elle est, là encore, tout comme ses concurrents de gauche et ses adversaires de droite, pour aider les entreprises, pour alléger les charges des PME, contre les "rigidités". Ce n'est pas par maladresse, par inexpérience, qu'elle a félicité Tony Blair, déclarant qu'il a fait du bon travail et qu'il faut aussi, ici, en France, "motiver" les salariés.

Mais qu'on ne compte pas sur elle pour s'aliéner, à l'avance, une partie de l'électorat en présentant sottement un programme ficelé. Son programme, dit-elle, ce sera celui du PS. En attendant, elle écoute et invite tous les amateurs à participer sur internet à l'élaboration d'un livre faisant l'inventaire des maux du pays et indiquant "des pistes d'action pour rétablir dans le pays une confiance et un avenir partagés, un ordre juste et une sécurité durable". C'est une méthode qui fait moderne, mais qui permet surtout de dire et d'écrire tout ce que les électeurs veulent entendre, sans rien dire de ce qu'elle propose.

Quant à voir dans tout cela une promesse de changement, l'annonce d'une politique plus sociale, ce serait oublier que le problème de Ségolène Royal comme de ses collègues du PS est d'augmenter sa popularité et d'accroître ses chances d'être investie candidate par son parti. Si elle l'était, elle serait bien placée pour devenir, si ce n'est au premier tour, en tout cas au second, la candidate de toute la gauche parlementaire. Cela permet de juger de ce que les travailleurs pourraient attendre de cette gauche. Et le fait que ses rivaux au PS, les Strauss-Kahn, Fabius, Lang, ne valent pas mieux n'est pas pour rassurer.

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