Pour eux réformer c'est régresser12/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1967.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pour eux réformer c'est régresser

Devant l'ampleur des manifestations et le soutien que les jeunes recueillaient parmi les travailleurs, Villepin a été obligé de remballer son CPE. Du coup, tous les réactionnaires patentés, les "politologues" ou les médias qui reproduisent complaisamment leurs déclarations en ont une fois de plus déduit que "les Français sont opposés à toute réforme"! Pour Philippe de Villiers, qui reproche à Chirac d'avoir "cédé à la rue", "abandonner le CPE, c'est abandonner même l'idée de réforme". Jean-Louis Debré, le président UMP de l'Assemblée nationale se pose, lui, le problème de "savoir si, dans notre pays, on peut réformer dans le cadre de la légalité républicaine". Et ce ne sont que deux exemples parmi bien d'autres.

Effectivement, les travailleurs de ce pays sont opposés aux prétendues réformes que ce gouvernement, et d'autres avant lui, ont mises en place. Ils l'ont montré à plusieurs reprises ces dernières années, en faisant grève et en manifestant en nombre. En 1995, le gouvernement Juppé avait été obligé de retirer son projet de "réforme des retraites". Il voulait étendre à la Fonction publique la précédente réforme mise en place par Balladur en 1993 dans le privé, qui allongeait la durée des cotisations et diminuait les pensions. Lorsque Fillon, en 2003, a ressorti le projet de Juppé, il a dû à son tour affronter la colère des fonctionnaires, même si, en définitive, il réussit à imposer cette "réforme".

Opposition aussi des travailleurs à la réforme de la Sécurité sociale, qui revient à leur faire payer de plus en plus cher des soins qui se dégradent, faute de crédits. Opposition des enseignants et des jeunes face aux projets de réformes successifs de l'Éducation nationale, qui se traduisent tous par une baisse des moyens accordés à l'enseignement.

Il faut dire qu'à chaque fois que les gouvernements nous parlent de "réformes", elles vont toujours dans le même sens: dégrader les conditions de salaire, de santé, d'enseignement de la population pour réaliser des économies qui serviront à financer les cadeaux au patronat. C'est de régression qu'il faudrait parler, même si cela sonne moins bien!

À force d'accorder aux entreprises des allégements de charges sociales ou des dégrèvements d'impôts, de leur verser de l'argent à travers différents dispositifs la nouvelle mouture destinée à remplacer le CPE en donne un exemple les gouvernements vident les caisses de l'État et de la Sécurité sociale. Alors, on demande aux travailleurs de payer, en travaillant plus longtemps, dans des conditions plus précaires avec des salaires inférieurs, en se soignant moins, afin que l'argent pris aux travailleurs aille aux profiteurs. Le tout se fait sous couvert de la loi, avec des députés qui approuvent dans leur majorité le détournement de fonds ainsi opéré.

De vraies réformes ont eu lieu dans le passé: la journée de travail abaissée à 8 heures, ou l'instauration des congés payés. Mais pour les obtenir, les travailleurs ont dû se battre.

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