Mutuelle pour les cousus d'or : Un cran de plus dans la médecine à deux vitesses12/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1967.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mutuelle pour les cousus d'or : Un cran de plus dans la médecine à deux vitesses

Les AGF, Assurances Générales de France, concoctent une super-assurance complémentaire santé. Le montant de la cotisation annuelle sera de... 12000 euros pour le contractant, auxquels s'ajouteront 4000 euros pour le conjoint et 2000 euros par enfant!

Non, il n'y a pas de zéros en trop, cette mutuelle coûtera bien 20000 euros par an pour une famille avec deux enfants, c'est-à-dire plus d'une "brique" par mois, comme on disait autrefois.

Pour ce prix-là, les AGF sont en train de mettre en place un réseau de 200 médecins, réputés les meilleurs, des cardiologues, radiologues, urologues, etc., auxquels les souscripteurs d'"Excellence Santé", c'est le nom de la super-assurance, pourront avoir accès dans les meilleurs délais.

La médecine à deux vitesses n'est pas une nouveauté. Ceux qui ont des relations, un bon carnet d'adresses et les revenus confortables qui vont souvent avec, savent comment s'y prendre pour consulter sans attendre les médecins jouissant de la meilleure renommée. Le système a même été officialisé, il y a des dizaines d'années, avec l'instauration du secteur privé à l'hôpital public. C'est ainsi qu'un rendez-vous avec un patron hospitalier peut être obtenu sous huitaine "en secteur privé" alors qu'il faut parfois attendre plus d'un mois et parfois nettement plus en "secteur public"; c'est le même médecin, dans le même hôpital, la seule différence, c'est qu'on paie plus cher dans le premier cas.

Si le nouveau contrat de luxe des AGF voit le jour, il consacrera avec encore plus de cynisme et de violence l'inégalité dans l'accès aux soins.

Quant à celui qui est chargé de la mise en place de ce contrat, Gilles Johannet, le directeur adjoint des AGF chargé de la Santé, il a déjà un beau palmarès à son actif. Il fut conseiller de Pierre Mauroy de 1983 à 1984, quand plus de mille médicaments remboursés à 70% passèrent à 40%. Ensuite, il fut directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie, d'abord de 1989 à 1993, sous les gouvernements socialistes Rocard et Cresson, puis en 1998, quand la gauche revint au gouvernement. Il fut un ardent défenseur des différents plans d'économies dans les dépenses de santé pour, soi disant, colmater "le trou de la Sécurité sociale". Aucun trou n'a été bouché, mais l'écart s'est progressivement approfondi entre la médecine pour les riches et celle pour les pauvres. Avec "Excellence Santé", l'écart se creuse encore d'un cran.

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