À Marseille, plus de soixante-dix familles, ainsi que des célibataires, occupent depuis le 31 mars les locaux de l'ancienne Maison de l'Étranger située dans le quartier de la gare Saint-Charles.

Ils se battent pour leur régularisation. Lassés d'attendre que la préfecture leur accorde des papiers, ils ont décidé de le faire savoir et d'occuper les locaux jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction.

Ces familles ont leurs enfants scolarisés dans les écoles du quartier. Les parents travaillent depuis de nombreuses années. Mais, malgré de multiples démarches, ils n'ont jamais vu aboutir leur demande de régularisation; ou bien, dans quelques cas, l'un des parents a été régularisé et pas l'autre. Tous s'inquiètent pour l'avenir de leurs enfants.

Beaucoup racontent comment, depuis des années, ils se retrouvent à la merci des employeurs et des logeurs sans scrupules. Parmi eux, cinq familles ont été expulsées d'un immeuble décrété insalubre dans la rue Fiocca. Le seul relogement qui leur a été proposé était le centre d'hébergement d'urgence de la Madrague-ville, déjà surpeuplé, qui héberge des SDF. Toutes ont refusé d'être hébergées dans un accueil d'urgence, prévu pour des célibataires, qui n'est ouvert que pour la nuit, et situé à l'autre bout de la ville, dans les quartiers Nord. Elles refusent aussi de se laisser isoler des autres familles en lutte.

Tous exigent leur régularisation et sont bien décidés à lutter pour l'obtenir.

Cette lutte a reçu le soutien de nombreuses organisations: associations, syndicats et partis politiques de gauche et d'extrême gauche, et des étudiants de la faculté toute proche en lutte contre le CPE.

Plusieurs manifestations ont été organisées depuis le début de l'occupation, et samedi 8 avril un barbecue et des animations se tenaient devant les anciens locaux de l'OMI (Office des migrations internationales) occupés. Lundi 10avril une nouvelle manifestation a eu lieu, très dynamique, regroupant environ 200 personnes, qui ont sillonné tout le centre- ville en distribuant des tracts et aux cris de: "Des papiers pour tous!", "Solidarité avec les sans-papiers".

D'autres manifestations sont annoncées. Il est évident, pour tous les sans-papiers mobilisés, que pour obtenir satisfaction il faut maintenir la pression.