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Dans le monde
Afrique : Retour en force de la tuberculose
Article extrait du journal Le Pouvoir aux travailleurs, mensuel trotskyste de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 5000 personnes dans le monde meurent chaque jour de la tuberculose et le continent africain est le plus touché.
Le traitement de cette maladie est pourtant très bon marché: six mois d'antibiotiques reviennent environ à dix dollars, selon l'OMS. Cela, c'est la théorie. Dans la pratique, en Afrique les hôpitaux et les laboratoires sont débordés par le grand nombre de patients. Lorsqu'on est malade, la plupart du temps ce sont des infirmiers qui sont sollicités pour délivrer des ordonnances, moyennant une certaine somme. Ensuite il faut pouvoir acheter les médicaments à la pharmacie. Il est vrai que les gouvernements manquent de moyens. Mais le peu de moyens dont ils disposent n'est pas investi dans la santé de la population. Les hôpitaux manquent de lits et les personnes malades sont souvent étalées sur une natte, à même le sol. Malgré le courage et la bonne volonté du personnel soignant, les conditions d'hygiène sont aléatoires. Il n'est pas rare que des personnes venues se soigner contractent des maladies à l'hôpital.
Tous les centres de santé ne sont pas logés à la même enseigne. Dans les capitales africaines et certaines grandes villes, il existe quelques cliniques qui disposent de moyens matériels et humains satisfaisants. Mais pour y être admis il faut disposer d'une grosse somme d'argent, que seuls les riches peuvent posséder. (...)
La majorité des gens sont réduits à la pharmacopée ou à ingurgiter des médicaments périmés ou inadaptés vendus sur les étals des marchés ou dans la rue. Cela a pour conséquence, lorsque les gens ne s'intoxiquent pas, de produire des souches microbiennes résistantes aux antibiotiques et donc difficiles à combattre.
La tuberculose est en train de proliférer pour une autre raison aussi: la dégradation des conditions de vie. Dans les quartiers pauvres, les gens vivent les uns sur les autres, dans des habitations précaires et humides où il n'y a pas l'eau courante pour se laver et où le tout-à-l'égout n'existe pas. Le bacille de Koch (c'est le nom du microbe de la tuberculose) et d'autres bactéries et virus n'ont pas de mal à proliférer dans de telles conditions. Il n'y a pas que l'habitation et l'environnement qui sont à incriminer. Beaucoup de gens qui étaient en bonne santé ont attrapé le mal du fait que leur organisme se défend moins bien, parce qu'ils n'ont pas les moyens de manger à leur faim. Même lorsqu'ils ont un emploi, les travailleurs et leurs familles sont trop pauvres pour pouvoir se nourrir convenablement, se vêtir, se loger et se soigner. Il est vrai que, dans les mêmes pays où la maladie fait rage, elle ne frappe pas indistinctement toutes les couches de la société. Mais cette question-là ne relève pas de l'OMS.