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Dans les entreprises
La Poste - Paris 13e : Coup de colère des facteurs
Depuis le 20 mars, le bureau de poste Paris 13 a été réorganisé, ce qui s'est soldé par la suppression d'une cinquantaine d'emplois de facteurs, sur les 200 qui distribuent le courrier. La direction espérait aussi se débarrasser fin avril d'une trentaine d'intérimaires qu'elle a embauchés à partir de septembre, à la place des facteurs mutés ou partis à la retraite. Son intention était de faire passer en douceur les suppressions d'emplois.
Certains de ces collègues intérimaires galèrent depuis plus d'un an, d'un bureau réorganisé à un autre.
Depuis le 20 mars, toutes les tournées ont été changées. Les facteurs doivent apprendre un nouveau tri et s'adapter à de nouvelles tournées, dont certaines sont tellement longues qu'ils ne peuvent pas emporter tout le courrier. À tel point que les usagers et les gardiens d'immeubles téléphonent pour demander ce qui se passe.
Plusieurs collègues excédés sont allés voir les chefs, pour signaler que la charge de travail était trop importante. Mais la seule réponse du chef de centre a été: "Tout va bien, attendons deux mois et cela se réglera tout seul." Ces propos n'ont fait que mettre de l'huile sur le feu, d'autant plus que des collègues ont été menacés de sanctions par les chefs s'ils rapportaient du courrier, alors qu'il n'était pas possible d'en écouler une telle quantité dans les heures de travail.
Lors de la journée du 28 mars, une soixantaine de facteurs ont fait grève contre le CPE, mais aussi pour montrer leur ras-le-bol de l'attitude méprisante de la direction. Le lendemain, plusieurs dizaines d'entre eux, accompagnés par des représentants syndicaux, sont montés en délégation chez le chef de centre pendant leur temps de pause, faisant entendre haut et fort leur mécontentement.
Jeudi 30 mars, à l'issue d'une nouvelle délégation, le chef de centre n'a rien trouvé de mieux que de menacer de sanctions disciplinaires un facteur, pour incitation à participer à une délégation, et la secrétaire de la section syndicale CGT, pour prise de parole. Autant dire que cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase: le vendredi à 6h30, la quasi-totalité des facteurs ont refusé de prendre le travail tant que les sanctions n'étaient pas levées, malgré la présence d'un huissier et la menace du chef de centre de retirer un jour de grève en plus à ceux qui étaient de repos le samedi 1er avril!
À midi, le ton avait déjà changé: la mission des intérimaires était prolongée jusqu'à fin mai, les menaces de sanctions suspendues et quelques aménagements pour le travail étaient proposés. La direction proposait aussi de compenser la journée de grève si le travail en retard était récupéré.
Les facteurs se sont donc fait respecter. Mais il est évident qu'il faudra revenir à la charge pour récupérer des emplois et pour que les collègues intérimaires restent parmi nous.