La mobilisation de la jeunesse continue05/04/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/04/une1966.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La mobilisation de la jeunesse continue

La jeunesse étudiante et lycéenne reste la force motrice du mouvement contre le CPE et le CNE et partout, les lycéens et les étudiants formaient une partie importante des manifestants, souvent la moitié ou plus.

Dans l'ensemble, la mobilisation des lycéens et des étudiants se maintient à un niveau élevé. Ni la décision du Conseil constitutionnel, ni l'embrouille de Chirac, ni la durée du conflit n'ont altéré leur détermination. Les rodomontades de De Robien, qui pensait sans doute parler à des gamins en intimant aux jeunes de "retourner travailler", n'ont guère eu plus d'effet. Le ministre a demandé aux recteurs d'utiliser tous les moyens pour mettre fin aux blocages. Dans certains cas, la police a chassé certains grévistes qui bloquaient l'accès aux lycées, mais ceux-ci étaient souvent de nouveau bloqués quelques heures plus tard ou le lendemain.

Afin de mettre fin aux blocages, les proviseurs des lycées et les présidents des universités ont multiplié les référendums à bulletins secrets. Ces consultations sont bien sûr des pièges, dont l'objectif est d'utiliser la prétendue légitimité d'un tel vote pour tenter de démontrer que les grévistes seraient minoritaires. Mais dans un grand nombre de cas, les résultats donnent non seulement une majorité écrasante contre le CPE, mais également une majorité pour la grève et le blocage. Par exemple, au Havre, un référendum organisé par le président (opposé à la grève) s'est traduit par une majorité de 85% des votants contre le CPE et de 56% pour le blocage de l'université. Et on pourrait multiplier les exemples.

Les assemblées générales qui ont lieu une à trois fois par semaine restent fournies: 800 personnes à la faculté de Villetaneuse, 700 à celle de Jussieu, 300 à Censier, 1000 à Marne-la-Vallée mais surtout en province, avec par exemple 5000 à Rennes. Et de nombreux autres étudiants, qui n'y assistent pas, participent aux manifestations centrales.

Les discours sur les risques que représenterait la poursuite de la lutte pour les examens et la validation des études n'ont pas eu plus d'effet ils devraient plutôt être adressés à Chirac et Villepin, les responsables de la situation actuelle! Les tentatives, largement médiatisées, des "antibloqueurs", n'ont pas été plus efficaces. Ceux-ci, loin d'être apolitiques, sont souvent des militants de droite et d'extrême droite, dont les effectifs ne dépassent pas quelques dizaines.

Un certain nombre d'étudiants mobilisés sont convaincus de l'opportunité d'actions dites "radicales". Il s'agit en général d'aller bloquer les voies de chemin de fer, les axes routiers, voire les aéroports. En apparence plus "dures", ces actions, auxquelles quelques milliers d'étudiants ont participé jeudi 30 mars, et qui devaient être renouvelées jeudi 6 avril, n'aident en fait guère le mouvement. En effet, la mobilisation contre le CPE est approuvée majoritairement dans le pays et entourée d'un courant de sympathie. Il faut éviter les initiatives qui risquent de gêner des travailleurs au lieu de viser à les entraîner et qui se substituent à des manifestations importantes qui ont un réel impact sur le pouvoir mais aussi sur l'ensemble de la population.

D'ailleurs, un peu partout, étudiants et lycéens ont multiplié les actions en direction de la population, notamment des salariés: en région parisienne, 50 étudiants de Saint-Denis et de Censier sont ainsi allés à la porte de l'usine Citroën de Saint-Ouen, ceux de la Sorbonne sont allés à l'hôpital Beaujon, ceux de Nanterre à Peugeot-Poissy, dans les bureaux de poste des Hauts-de-Seine et à Renault-Rueil, ceux de Jussieu à la Sécurité sociale, etc.

Les discussions sur la suite du mouvement sont fournies et chaleureuses et de nombreuses assemblées générales devaient avoir lieu au lendemain de la manifestation du 4 avril. Mais ni les contorsions de Chirac et du gouvernement, ni la fatigue après plusieurs semaines de lutte, ni la perspective des vacances scolaires et universitaires (qui commencent le 8 avril en Ile-de-France et en Aquitaine) ne découragent les jeunes en lutte contre la précarité légalisée que représentent le CPE et le CNE.

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