Retrait du CPE et du CNE! Il faut battre le fer quand il est chaud!30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Retrait du CPE et du CNE! Il faut battre le fer quand il est chaud!

Les manifestations du mardi 28 mars ont constitué un incontestable succès, en réunissant plus de manifestants, tant dans la jeunesse des facultés et des lycées que parmi les travailleurs. Villepin n'a certes pas changé de langage, il continue à proclamer qu'il ne retirera pas sa loi, prétextant du fait qu'elle a déjà été votée, tout en se déclarant prêt à l'aménager, ce qui est parfaitement contradictoire. Mais visiblement la majorité est de plus en plus divisée sur la tactique à suivre. Chirac a même dû annuler le voyage qu'il devait faire le 30 mars au Havre, "en raison de l'actualité". Imposer un recul au gouvernement dans sa tentative de légaliser la précarité par le CPE et le CNE apparaît de plus en plus à la portée du mouvement.

Les confédérations syndicales ont à juste titre refusé de rencontrer Villepin dans ce contexte. Mercredi après-midi elles ont décidé d'une nouvelle journée de grèves et de manifestations pour le 4avril. Il était effectivement urgent d'annoncer rapidement le prochain objectif. Les faits montrent bien que quand les étapes de la mobilisation sont clairement annoncées, et ne revêtent pas le caractère de journées d'action isolées, sans lendemain, elles permettent aux hésitants de reprendre confiance dans la capacité du monde du travail à atteindre ses objectifs par la lutte. Il faut donc que cette journée du 4 avril soit un succès encore plus démonstratif que celle du 28 mars.

Par ailleurs, le mouvement de la jeunesse continue et il ne cesse de s'amplifier. Les jeunes ne se sont pas laissé impressionner par le battage fait autour des agissements de quelques excités qui font de la violence aveugle une vertu, ou des bandes d'inconscients plus soucieux de vandaliser et de "faucher" que de lutter contre la légalisation de la précarité, et ils ont eu raison. Mais pour remporter de nouveaux succès, il leur faut continuer dans la voie de ce qui a réussi, c'est-à-dire rechercher l'élargissement du mouvement.

Bloquer des trains, des carrefours, les accès à une ville, tout cela peut certes attirer l'attention des médias, mais n'est pas forcément compris des usagers qui en subissent les conséquences. Et ce ne sont pas les coups médiatiques qui feront reculer le gouvernement, mais la mobilisation du plus grand nombre. En revanche, s'adresser à la population à la sortie des gares, devant les grandes surfaces, aller prendre contact avec les travailleurs aux portes de leurs entreprises, toutes choses que des groupes d'étudiants et de lycéens ont déjà entreprises, est le moyen de renforcer la sympathie de toutes les classes populaires avec le mouvement, de les inciter à l'appuyer.

Car la lutte est loin d'être terminée. C'est évident si Villepin persévère dans sa volonté de passer en force, comme certains lui en prêtent l'intention, en demandant à Chirac de promulguer sa loi dans les plus courts délais possibles. Mais c'est vrai aussi si le Conseil constitutionnel, qui doit statuer le 30 mars, rejette opportunément le CPE, offrant ainsi une sortie "honorable" au gouvernement. Car ce n'est pas seulement le CPE qui est en cause, et qu'il faut mettre en échec. C'est la politique qui vise à légaliser la précarité croissante de l'emploi, et qui a commencé avec les facilités données aux entreprises pour recourir encore plus largement à l'intérim et avec le CNE.

Mais là-dessus aussi il est possible de faire reculer patronat et gouvernement.

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