Référendum à Saint-Denis (93) : Oui au droit de vote des étrangers!30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Référendum à Saint-Denis (93) : Oui au droit de vote des étrangers!

La municipalité de Saint-Denis a organisé le 26 mars un référendum sur le droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections locales où, pour la première fois, elle demandait aux habitants de nationalité étrangère de se prononcer sur cette question. Sous prétexte qu'il s'agissait d'une initiative locale concernant un problème d'intérêt national, ce référendum avait été déclaré illégal par la préfecture. Et la municipalité était par ailleurs accusée d'avoir inscrit des étrangers sur les listes électorales, alors que ces derniers n'ont pas le droit de vote.

Il y a longtemps, l'État avait déjà utilisé de tels motifs: c'était dans les années 1920, quand les municipalités communistes inscrivaient des femmes sur les listes électorales et les mettaient en position éligible: les autorités invalidaient les élections. Le parallèle n'est pas si fortuit que cela: la France a fait partie des derniers pays d'Europe à avoir donné le droit de vote aux femmes, et aujourd'hui elle fait partie des derniers pays de l'Union européenne à refuser ce droit pour les élections locales aux étrangers originaires de pays n'appartenant pas à l'Union européenne.

La gauche gouvernementale s'était pourtant engagée dès 1981 à donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales. Mais une fois au gouvernement elle a oublié ses promesses ou s'est réfugiée derrière le refus du Sénat pour justifier une nouvelle reculade. Lors d'une conférence de presse organisée par la municipalité le jour du référendum, François Hollande, au nom du Parti Socialiste, s'est à nouveau engagé à se battre pour le droit de vote aux étrangers si son parti revenait au gouvernement. Dont acte.

Pour sa part, la droite locale (UMP et UDF) avait appelé au boycott de cette élection arguant de son caractère illégal.

La campagne pour ce référendum a rencontré un écho certain, puisque 2500 étrangers se sont inscrits sur les listes électorales parallèles, sans compter un petit afflux de nouvelles inscriptions puisque 2000 habitants de la ville ayant déjà le droit de vote sont venus s'inscrire sur les listes pour cette occasion. La participation a été de 30,1%, ce qui, pour un référendum local qui n'avait pas valeur de loi, est un succès. Et sur ceux-là, 65% ont voté en faveur du droit des étrangers. De nombreux résidents qui, pour certains, votaient pour la première fois de leur vie, ont manifesté leur fierté. Telle cette mère de deux enfants ayant pour leur part le droit de vote depuis quelques années, et qui a tenu à se faire accompagner d'eux pour voter pour la première fois; ou encore cet immigré qui n'avait jamais pu voter dans son pays d'origine soumis à la dictature et qui votait aussi pour la première fois. Tous se montraient ravis d'affirmer qu'ils tenaient à exprimer comme tout le monde leurs choix politiques.

Lutte Ouvrière soutient cette revendication car il est juste et légitime que ces travailleurs participent à tous les scrutins locaux et nationaux et soient éligibles. Mais nous ne limitons pas cette revendication aux élections locales.

Dans la campagne qui a précédé ces élections, nous avons tenu à réaffirmer que "ces hommes et ces femmes ne sont pas pour nous des étrangers mais des travailleurs qui subissent à nos côtés l'exploitation et avec qui nous nous retrouvons au coude à coude dans les luttes."

Certes, ce droit ne suffira pas à changer le sort des travailleurs étrangers pas plus qu'il ne suffit à changer celui des travailleurs ou des travailleuses qui peuvent déjà voter. Mais les priver de ce droit est une injustice à laquelle il est temps de mettre fin.

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