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Dans les entreprises
Médiapost : Payés la moitié du smic horaire!
Filiale de La Poste spécialisée dans la distribution de publicité, Médiapost vient d'être condamnée, par le tribunal des prud'hommes de Brest, à verser entre 900 et 37500 euros à chacun des quinze salariés qui l'accusaient de les avoir payés en dessous du smic horaire.
En effet jusqu'en juillet dernier, Médiapost payait ses 14000 distributeurs selon le nombre de publicités distribuées dans les boîtes à lettres, et non pas selon les horaires réellement effectués. Cela lui a permis, pendant de nombreuses années, de les faire travailler pour des salaires dérisoires. Les quinze travailleurs concernés ont ainsi calculé, et prouvé, qu'ils avaient été payés en réalité entre 1,50 euro et 3 euros de l'heure alors que le smic était de 7,61 euros. Médiapost a donc été condamnée à leur payer des arriérés de salaires et de frais de déplacement sur une période allant de quelques mois à plusieurs années, ainsi qu'à une pénalité pour non-respect du code du travail.
Depuis juillet dernier, le mode de rémunération a changé dans la forme, mais les résultats ne sont guère différents. Une convention collective de la distribution directe a été établie. Les diffuseurs de publicité sont désormais, sur le papier, rémunérés à l'heure. Mais le temps nécessaire pour faire un secteur est estimé arbitrairement, si bien qu'en une heure ils sont censés faire un nombre invraisemblable de boîtes à lettres. Sous une nouvelle forme, plus légale, c'est donc le vieux système qui perdure, et contre lequel continuent à se battre les salariés des plates-formes Médiapost.
Pendant longtemps La Poste a fait porter les publicités qui lui étaient confiées par les facteurs, en les payant souvent en heures supplémentaires. Puis, décidant d'essayer de tirer le maximum de bénéfices de cette activité en expansion, elle a créé des centres de diffusion postale qui y étaient entièrement consacrés. C'est peu dire que les conditions de travail y étaient souvent lamentables. Les centres en question étaient parfois des hangars sans aucune commodité. Pour quelques salariés en fixe on en comptait dix fois plus en CDD à temps partiel. Ceux-ci étaient, déjà, obligés de dépasser les horaires et d'enchaîner les contrats, parfois sans aucun respect de la loi, ce qui valut également à La Poste des condamnations.
Pour aller encore plus loin, La Poste créa donc Médiapost. La nouvelle filiale se débarrassa d'une bonne partie des travailleurs en CDD des centres de distribution postale et fusionna avec la filiale de Vivendi, Delta diffusion, qui faisait le même travail et avait 11000 salariés. Le résultat a été cette entité, possédée à 75% par La Poste, ce qui est encore le cas aujourd'hui.
La Poste veut avant tout faire du profit avec la distribution des publicités, et elle n'hésite pas pour cela à faire subir aux salariés de sa filiale des salaires et des conditions de travail indignes.