Loi Sarkozy : À Saint-Denis, à Paris et dans d'autres villes30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Sarkozy : À Saint-Denis, à Paris et dans d'autres villes

Des sans-papiers protestent contre la nouvelle loi contre les immigrés

Dix ans après l'occupation de Saint-Ambroise, la Coordination 93 a décidé d'organiser l'occupation d'un bâtiment au coeur de Saint-Denis, au 15, rue Émile-Connoy. La plupart des sans-papiers qui y participent vivent en France depuis longtemps. Ils ont travail, logement, famille. Leurs enfants sont scolarisés. Mais comme à des dizaines et des dizaines de milliers d'autres étrangers, on leur refuse leurs papiers.

De même, depuis le 18 mars, plusieurs centaines de sans-papiers de divers collectifs, soutenus par des étudiants des facultés voisines, occupent les anciens locaux du Service social d'aide aux étrangers (SSAE), 14, rue Auguste-Perret (Paris 13e). Et d'autres mouvements existent dans d'autres villes.

Ces sans-papiers veulent ainsi protester contre la nouvelle loi contre les immigrés programmée par Sarkozy. Elle va non seulement aggraver le sort des sans-papiers mais aussi dégrader les conditions de vie de nombreux travailleurs immigrés en les plongeant, pour certains, dans la clandestinité.

En effet cette nouvelle loi ne tient plus compte, pour la régularisation, des dix ans ou des quinze ans de présence en France. Déjà, les préfectures s'ingéniaient à trouver des prétextes pour tourner cette règle des dix ou quinze ans. La régularisation sera encore davantage soumise à l'arbitraire préfectoral. La vie quotidienne des travailleurs immigrés va aussi se dégrader considérablement, du fait du nouveau dispositif sur le regroupement familial: faire venir femme et enfants va s'avérer de plus en plus compliqué. Il va falloir maintenant, non seulement disposer de ressources confortables, mais aussi d'un logement spacieux, et comme si cela ne suffisait pas, il faudra être bien vu du maire, qui devra donner son accord. En cas de mariage, le conjoint sera susceptible d'être expulsé pendant quatre ans, le mariage ne pouvant être déclaré "crédible" qu'au bout de cette période.

Mais les dispositions les plus inquiétantes concernent aujourd'hui la carte de résident, la carte de dix ans. Avec cette nouvelle loi, l'obtention d'un titre de séjour dépendra du contrat de travail. Ainsi, si un travailleur étranger perd son emploi, il perdra au bout du compte son titre de séjour. Que rêver de mieux pour le patronat, qui aura le pouvoir, non seulement de faire perdre ses revenus au travailleur, mais aussi celui de l'autoriser à vivre dans le pays qu'il a choisi?

Dans ces conditions, on comprend l'inquiétude des travailleurs dont la situation n'est pas régularisée. Jusqu'à présent, l'obtention d'un titre de séjour était déjà arbitraire, soumise au bon vouloir des préfectures, mais cette perspective même s'éloigne de plus en plus, puisque même le résident régularisé peut perdre ses droits chèrement acquis.

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