Grande-Bretagne : Pour défendre les retraites, journée de grève massive30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Pour défendre les retraites, journée de grève massive

Mardi 28 mars, en même temps que les manifestations contre le CPE en France, un million et demi de travailleurs britanniques du secteur public étaient en grève pour protester contre les attaques annoncées contre leur système de retraite, entraînant des rassemblements, des manifestations et la fermeture de plusieurs milliers d'écoles.

Le gouvernement travailliste, ainsi que l'Association des gouvernements locaux, majoritairement influencée par le Parti conservateur, refusent en effet de fournir des crédits supplémentaires au système de pension des fonctionnaires britanniques. Ils souhaitent au contraire remettre en cause un système qui permettait aux salariés des administrations locales de bénéficier, à 60 ans, d'une pension à taux plein dès lors qu'ils pouvaient faire état de vingt-cinq ans de service.

Si cette mesure est imposée, elle aurait pour conséquence de baisser de façon importante le montant des pensions si ces travailleurs prennent leur retraite à 60 ans, et non pas à 65 ans. C'est d'autant plus choquant que le système actuel, s'il semble avantageux au regard des critères français, ne donne droit, à taux plein, qu'à des retraites très modestes: une centaine d'euros en moyenne par semaine (et moins encore pour trois quarts des femmes). Il faut dire que le minimum vieillesse du secteur public n'a pas été revalorisé depuis 1979.

Les membres du principal syndicat du secteur, Unison, ont donc voté, à quatre contre un, pour cette journée de grève, le mardi 28 mars. Mais les dirigeants de ce même syndicat avaient accepté, en octobre dernier, une remise en cause du système de retraite qui, à l'exception des employés des administrations locales, ménage les employés déjà en poste, mais va durcir les conditions de retraite des nouveaux embauchés. Ce qui a contribué à mettre en place dans le secteur public le système à deux vitesses qu'ils dénoncent aujourd'hui.

L'intérêt commun des travailleurs britanniques, du public comme du privé, serait de pouvoir faire valoir leurs droits à une pension à taux plein à 60 ans. Car les attaques contre les retraites des travailleurs du secteur public valent bien celles des patrons du secteur privé, qui rognent le montant des pensions, quand ils ne menacent pas de mettre le système en faillite en s'en servant à leur profit.

Car, bien sûr, pas plus que pour les salaires, les profits en hausse n'entraînent d'augmentation des pensions. Et les pouvoirs publics britanniques, comme ceux d'ici, n'envisagent pas non plus de taxer les profits des entreprises pour alimenter les budgets sociaux. Eux aussi s'appuient sur l'allongement de la durée de vie pour justifier de diminuer les pensions. Notons que les députés qui argumentent ainsi n'en ont pas pour autant oublié de s'accorder un système plus avantageux. Ils peuvent faire valoir leurs droits à une pension complète, et bien sûr d'un montant correct, après vingt ans d'activités.

Il y a quelques années, le gouvernement britannique avait envisagé de réduire les pensions des juges. Il avait dû remballer ce projet devant la menace d'une démission massive. Les travailleurs britanniques aujourd'hui en lutte entendent aboutir au même résultat. Des grèves locales devraient relayer la journée d'action du 28 et une autre journée de grève nationale est annoncée pour mai prochain.

En attendant, ce mouvement vient contredire les politiciens, les journaux et les télévisions français qui, ces jours-ci, nous expliquaient que rejeter une réforme comme le CPE serait une particularité de la France, alors qu'ailleurs toutes ces prétendues "réformes" seraient depuis longtemps passées comme une lettre à la poste. En réalité, partout les gouvernants, de droite comme de gauche, s'attaquent à la protection sociale, aux services publics et cherchent à rendre encore plus précaires les conditions d'existence des salariés. Mais partout aussi, face à ces attaques, le monde du travail et la jeunesse commencent à réagir. Il n'y a pas d'autre issue.

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