Darfour : Massacres et hypocrisie des grandes puissances30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Darfour : Massacres et hypocrisie des grandes puissances

Plusieurs centaines de milliers de personnes sont menacées de mort, de famine ou d'épidémie au Darfour, région de l'ouest du Soudan.

Le chef des opérations humanitaires des Nations unies, Jan Egeland, a déclaré que l'insécurité dans la région empêchait les équipes humanitaires de secourir 300000 personnes au centre et à l'ouest du pays, près de la frontière avec le Tchad. Il réclame aussi l'aide humanitaire promise par la communauté internationale: pour l'instant seuls 21% des 1,7 milliard de dollars promis pour le Soudan et deux des 90 millions de dollars nécessaires à l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, pour mener son action au Darfour sont arrivés à destination.

Officiellement, depuis novembre 2004, des pourparlers entre les rebelles et le gouvernement soudanais sont en cours, sous l'égide de l'Union africaine, chargée de faire respecter le cessez-le-feu; en fait, la guerre et les massacres de populations civiles n'ont jamais cessé.

Cette guerre, commencée en février 2003, a maintenant fait au moins 180000 morts et deux millions de personnes déplacées, réfugiées dans des camps ou au Tchad voisin. Comme souvent en Afrique, les commentateurs ont parlé de conflit "ethnique", opposant les milices "janjawids", constituées par des éleveurs nomades arabes, et les fermiers sédentaires noirs. En réalité, le gouvernement de Khartoum a ravivé et attisé cet antagonisme que l'histoire avait largement estompé: il a utilisé les Janjawids pour terroriser la population et tenter de venir à bout des rebelles qui réclament pour le Darfour des institutions autonomes et une part des revenus soudanais, entre autres ceux des puits de pétrole du sud, qui constituent la richesse du pays.

La communauté internationale, c'est-à-dire les États impérialistes, n'a commencé à s'émouvoir que tardivement. Après avoir confié à l'Union africaine la mission impossible d'aboutir à un accord de paix avant le 31 décembre 2005, les gouvernements américain et anglais exigent maintenant que les parties en présence en finissent "avec les marchandages et les gesticulations", selon les termes de Jack Straw, le ministre anglais des Affaires étrangères. Ce dernier a même ajouté: "La communauté internationale n'est pas disposée à laisser impunis les individus qui se rendent coupables de violations grossières des droits de l'homme." L'Union africaine a été sommée de céder la place à l'ONU; elle a seulement prolongé son mandat jusqu'en septembre, le temps de convaincre le gouvernement de Khartoum d'accepter le déploiement d'une opération des Nations unies, dont il ne veut pas.

Evidemment, cela ne changera rien, en tout cas pour les populations dont personne ne se soucie. C'est l'accroissement d'une instabilité néfaste à leurs intérêts, pétroliers en particulier, qui a ému les grandes puissances, pas le sort des "innocents massacrés" qu'elles prétendent défendre.

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