Crédit : Consommez, on se paiera sur votre logement30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crédit : Consommez, on se paiera sur votre logement

Le 23 mars, dans le cadre de la réforme des "droits de sûreté", le Conseil des ministres a créé le crédit hypothécaire renouvelable. Celui-ci permet de contracter une nouvelle hypothèque avant le remboursement total du premier emprunt gagé sur celle-ci. Le particulier qui, sur un emprunt hypothécaire de 100000 euros contracté par exemple pour acheter sa maison, en aurait déjà remboursé 50000, pourrait à nouveau emprunter sur celle-ci 50000 euros, pour un autre achat ou toute autre dépense de consommation. Cela se pratique déjà dans bien des pays, mais jusqu'ici la loi française était très prudente sur les hypothèques et tout ce qui touche la propriété foncière.

En effet jusqu'ici, en France, les crédits reposaient en principe sur la capacité de l'emprunteur à rembourser, c'est-à-dire sur une appréciation de ses revenus, et dans la majorité des cas de son salaire. Cela n'empêchait pas le surendettement et les drames qu'il entraîne, mais cela le limitait dans une certaine mesure. On n'hypothéquait généralement son logement, la principale propriété de bien des familles modestes, que pour financer l'achat de ce même logement. Et tant que cet emprunt n'était pas totalement remboursé, il était impossible de contracter une nouvelle hypothèque.

Cette réforme du 23 mars, en faisant disparaître ces limites, autoriserait donc un nouveau moyen pour s'endetter. Drôle de faveur! Les sociétés de vente et de crédit se plaignent par exemple que les Français soient moitié moins endettés que les Américains. Le crédit hypothécaire renouvelé permettrait, espèrent-elles, d'augmenter cet endettement et permettrait aussi au client d'acheter plus à crédit.

Cependant l'avantage serait surtout pour les organismes de crédit. Car les consommateurs vivant plus à crédit paieront davantage d'intérêts et, s'ils sont incapables de rembourser, ils devront vendre par exemple leur logement pour payer leur dette.

Voilà donc une mesure "sociale" telle que la conçoit ce gouvernement. Au lieu de donner aux salariés les moyens d'acheter et de consommer, au lieu de leur fournir du travail et des salaires convenables, il leur propose de s'endetter, de s'enchaîner aux banques, pour finir parfois en fin de course par perdre leur toit. Quel progrès!

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