CPE-CNE : Dans les facultés et les lycées30/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1965.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CPE-CNE : Dans les facultés et les lycées

Après le succès du 28 mars, le mouvement des étudiants et des lycéens contre le CPE et le CNE continue.

Pour l'ensemble des étudiants et des lycéens engagés dans la lutte, la manifestation du 28 mars a été un immense succès. Il y avait ce mardi au moins deux fois plus de manifestants que le 18 mars. Et de très nombreux salariés du public et du privé s'étaient joints à la jeunesse scolarisée dans un rejet commun du CPE et du CNE.

Commencée à Rennes il y a sept semaines, la mobilisation de la jeunesse scolarisée ne donne pas de signe de faiblesse. La plupart des universités de la région parisienne sont toujours en grève et "bloquées". Il y a bien eu, ici ou là, à la faculté de Jussieu notamment, quelques tentatives des "collectifs antiblocages" (en fait, des étudiants de droite); mais elles n'ont rassemblé que quelques dizaines d'étudiants et ont toutes échoué. La manifestation "apolitique" contre les blocages organisée dimanche 26 mars, place de l'Hôtel-de-Ville, a surtout apporté une nouvelle preuve de la faiblesse des effectifs anti-grévistes Les étudiants favorables au CPE ne sont donc guère mobilisés. Et même quand, afin d'isoler les grévistes, certains présidents d'université organisent des référendums à bulletins secrets contre les blocages (avec des questions hypocrites du genre: "Êtes-vous pour la reprise des cours?"), cela ne tourne pas forcément à l'avantage des antigrévistes.

À l'exception des universités fermées, comme la Sorbonne, toujours encerclée par un barrage de policiers, ou Nanterre (qui devait cependant rouvrir mercredi 29), les assemblées générales de grévistes continuent de rassembler plusieurs centaines d'étudiants. En préparation de la manifestation du 28 mars, de très nombreuses actions en direction de la population ont été organisées: présence sur les marchés, distributions de tracts dans les gares, ou aux portes des entreprises, etc. Par exemple, plusieurs dizaines d'étudiants de Nanterre sont allés aux portes de l'usine de Peugeot-Poissy vendredi 24, puis sur le parvis de la Défense lundi 27, tandis que ceux d'universités parisiennes se rendaient à l'usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois. À chaque fois, ils ont eu un excellent accueil de la part des salariés auxquels ils s'adressaient.

Du côté des lycéens, le mouvement a encore nettement progressé au cours de la semaine écoulée. En région parisienne, des dizaines de lycées ont ainsi été "bloqués" Le discours du gouvernement, selon lequel le CPE serait fait pour les jeunes des banlieues, et ne serait contesté que par ceux des milieux privilégiés, est réfuté chaque jour: de très nombreux jeunes de milieu populaire participent aux manifestations, notamment dans les lycées de banlieue. Ils savent en effet que, peut-être encore plus que les étudiants, ils seront concernés par la précarité légalisée de la "loi sur l'égalité des chances". Les lycées de centre-ville sont également mobilisés, et même certains lycées privés ont été gagnés par la contestation, le plus souvent envers et contre l'administration. En province, les lycéens des petites villes, y compris ceux des zones rurales, sont également en lutte. Bref, il n'y a guère de lycée qui soit resté à l'écart de la contestation au cours de la semaine précédant le 28 mars. Et dans les manifestations, les lycéens sont maintenant encore plus nombreux que les étudiants.

De Saint-Denis à Tulle en Corrèze, de Pantin en Seine-Saint-Denis à Boulogne-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, des dizaines de petits défilés locaux ont eu lieu un peu partout. Et les manifestations centrales ont continué de faire recette. À la suite des incidents survenus au cours de celle du jeudi 23, notamment à Paris et Marseille, la crainte des voyous a pu dissuader certains jeunes -mais surtout elle en a décidé d'autres à s'organiser mieux et à constituer des services d'ordre. Et l'obstination du gouvernement ne décourage personne.

Mercredi 29 mars, les assemblées générales devaient discuter de la suite, notamment des actions du jeudi 30 mars. En tout cas le succès de la veille a montré à tous que le mouvement pouvait s'étendre, entraîner des salariés dans son sillage, et gagner encore de l'ampleur.

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