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Dans les entreprises
Cancers professionnels : La nocivité des patrons
Les premiers résultats de plusieurs études réalisées à l'initiative de l'Association pour la recherche sur le cancer (ARC) et de l'Association des accidentés de la vie (Fnath) sur les cancers professionnels ont été rendus publics. Ils confirment ce qu'un grand nombre de travailleurs connaissent: des produits nocifs sont utilisés en toute impunité sur beaucoup de lieux de travail et ruinent la santé des salariés qui les manipulent. Certains nuisent aussi aux habitants qui logent à proximité. "Poussières de bois, amiante, fibres de substitution, produits chimiques, pesticides... Un quart des travailleurs ont été exposés à des agents cancérigènes dans leur univers professionnel sur les quatre dernières années", rapportent les responsables des études.
Les estimations fournies établissent que 5 à 10% des cancers seraient d'origine professionnelle, soit 20000 cas par an, avec presque autant de décès. Plus de la moitié de ces cancers sont dus à l'amiante qui, à lui seul, pourrait être responsable de 50000 à 100000 tumeurs dans les vingt ans à venir.
L'exposition aux poussières de bois est, après l'amiante, la deuxième cause de cancer d'origine professionnelle. Près de 200000 travailleurs y sont exposés tous les jours, que ce soit dans l'exploitation forestière, les industries du bois, du papier ou du meuble. Quant à l'utilisation des pesticides, elle multiplie par 2 à 3 le risque d'être atteint de tumeur cérébrale pour les travailleurs qui y sont exposés.
Pendant des décennies, par exemple, ce sont des générations de mineurs qui ont été victimes d'explosions meurtrières ou de la silicose pour permettre à quelques actionnaires de se remplir les poches en lésinant sur la moindre dépense pour l'amélioration des conditions de travail et de sécurité. Aujourd'hui ce n'est que le prolongement, tout aussi révoltant, de cette situation. Les risques ont beau être indéniables, les cancers professionnels n'en restent pas moins insuffisamment prévenus, et insuffisamment diagnostiqués. Bien souvent ils ne sont pas reconnus comme indemnisables. Selon le secrétaire général de la Fnath, le taux de sous-déclaration est énorme. En effet, nombre de victimes ne peuvent qu'être découragées devant les contestations ou les refus de la Sécurité sociale, qui entraînent alors des recours interminables. D'autre part les symptômes de la maladie peuvent ne se déclarer que des années, voire des dizaines d'années après l'exposition à des produits dont beaucoup de patrons cachent la nocivité par tous les moyens.
De vrais crimes parfaits sont ainsi perpétrés derrière le mur de silence et d'opacité que les possédants et leurs serviteurs maintiennent toujours pour protéger la bonne marche des affaires.