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Leur société
Tarifs hospitaliers : Se soigner, un luxe?
Pour des millions de malades, se faire soigner dans un hôpital public est loin d'être synonyme de gratuité. Le journal Le Parisien du lundi 13 mars a dressé la liste des frais qui leur incombent, et l'on peut constater que la note grimpe vite, pour peu que l'on soit hospitalisé quelque temps.
Le forfait hospitalier, instauré par le gouvernement du socialiste Mauroy en 1982, est passé de 14 à 15euros par jour en un an, et il est prévu qu'il soit de 16euros en 2007. À cela s'ajoute le forfait d'un euro pour tout acte médical, qui sera étendu aux urgences cet automne avec effet rétroactif: les sommes dues pour 2005 seront récupérées! Et interdiction est faite aux mutuelles de le rembourser. Troisième forfait instauré l'an passé: celui de 18euros pour chaque soin coûtant plus de 91euros, ce qui est vite atteint avec quelques radios ou analyses.
Enfin, si le ticket modérateur qui est à la charge de l'assuré ne varie pas en pourcentage (20%), il n'en va pas de même dans l'absolu, puisque les tarifs d'hospitalisation ont augmenté, eux, de 20 à 60% selon les établissements. N'en sont exonérés que les malades atteints d'une affection de longue durée, les femmes enceintes, mais seulement à partir du cinquième mois de grossesse, et les hospitalisés pour une durée supérieure à trente jours.
Les seuls à pouvoir se faire soigner gratuitement sont, soit les très pauvres, qui peuvent bénéficier de la CMU (couverture maladie universelle) complémentaire, soit au contraire ceux qui gagnent assez pour pouvoir payer une bonne mutuelle -mais les tarifs de la plupart d'entre elles ont augmenté en conséquence de la hausse des remboursements qu'elles versent. Les maternités restent encore gratuites.
Pour beaucoup de personnes à faibles revenus et qui ne cotisent pas à une mutuelle, se soigner est en passe de devenir un luxe, même en allant dans un hôpital public. Le gouvernement fait supporter par les malades des frais qui ne devraient pas leur incomber, d'autant que les salariés cotisent déjà largement au travers des prélèvements obligatoires.
L'hôpital, et plus généralement la santé publique, devraient et pourraient être totalement gratuits, n'ont pas vocation à être "rentables". S'il faut combler des "trous", prétexte invoqué régulièrement pour taxer les assurés, que le gouvernement commence donc par obliger les patrons à être à jour de leurs cotisations, et qu'il prenne des mesures contraignantes pour interdire les licenciements, afin de faire baisser le chômage, ce qui augmentera du même coup le montant des cotisations à la Sécurité sociale!