Hausse des tarifs des médecins : Rien de bon pour les malades08/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1962.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hausse des tarifs des médecins : Rien de bon pour les malades

Le gouvernement vient d'accorder aux médecins une augmentation du tarif de leur consultation. Celle-ci passera à compter du 1eraoût, de 20 à 21 euros pour les généralistes. Cette hausse, qui devrait coûter près de 150 millions d'euros à la collectivité, était prévue pour le 1ernovembre mais le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) a déclaré être prêt à faire "un gros effort pour les médecins". D'autres augmentations sont prévues, pour les généralistes comme pour les spécialistes. Le tarif minimum de la consultation chez un spécialiste, qui était de 23euros en janvier, va passer à 28euros fin mars. À compter du 15 avril, on devra débourser 23euros chez un généraliste pour faire examiner son enfant de deux à six ans. Enfin les médecins de sept spécialités (cardiologues, allergologues, rhumatologues, dermatologues, ORL, etc.) dont l'activité aurait baissé depuis l'instauration du parcours de santé le 1erjanvier 2006, sont autorisés à augmenter temporairement leurs tarifs pour un montant évalué à 34 millions d'euros.

Le geste est clair: à un an des élections présidentielles, le gouvernement met la main à la poche ou plus exactement à celle des assurés sociaux pour s'attirer les bonnes grâces des électeurs-médecins. Il a même accepté d'envisager pour 2007 une consultation à 23 euros et Sarkozy, pour ne pas être en reste, s'est déclaré favorable à un "rapprochement" des tarifs des spécialistes et des généralistes, ce qui est une vieille revendication de ces derniers. Bref, Villepin, Sarkozy et l'UMP sont aux petits soins pour les médecins.

Mais les syndicats médicaux signataires de l'accord se sont aussi dits prêts à faire des "efforts" ou plus exactement des économies. En échange de cet euro supplémentaire que toucheront les médecins, ils se sont engagés à réduire les prescriptions d'antibiotiques de 10% en 2006 et celles d'anxiolytiques ou d'hypnotiques de 5%. Ils délivreront aussi moins d'arrêts de travail -en 2005 cela avait permis d'économiser 722millions d'euros à la CNAM, s'est félicité un de leurs représentants- et ils contrôleront plus étroitement les transports en ambulance et la prescription d'examens médicaux. Enfin, ils se sont engagés à prescrire plus de médicaments génériques. Au total la CNAM attend de toutes ces mesures 1,4milliard d'économies sur deux ans.

En un mot les syndicats de médecins libéraux signataires acceptent d'être les acteurs zélés d'une politique d'économies systématiques qui ne pourra se faire que sur le dos des malades. Mais la CNAM dit de l'accord signé que c'est un bon accord, puisqu'elle déboursera 300millions d'euros sur deux ans pour espérer économiser presque quatre fois plus, 1,4 milliard...

Voilà comment le gouvernement et les représentants des médecins libéraux discutent de la santé et de ce qu'ils appellent la "maîtrise des dépenses". Ce sont des millions d'euros supplémentaires pour augmenter le pouvoir d'achat des médecins libéraux mais ce sera une baisse continuelle, en terme de soins et de prévention, pour des travailleurs qu'on veut en plus faire passer pour des malades imaginaires, grands amateurs de "nomadisme médical" et consommateurs effrénés de médicaments et d'examens en tout genre.

"Tout le monde y gagne", a osé affirmer le ministre de la Santé Xavier Bertrand... sauf les malades!

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