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Dans les entreprises
Gaz de France : Les motifs d'inquiétude du personnel
Selon le gouvernement et la presse, cela fait des mois que GDF discutait avec Suez d'une fusion éventuelle. Si c'est vrai, cela signifie que les dirigeants n'ont pas jugé bon d'informer, ni les salariés d'une entreprise (GDF) encore contrôlée par l'État, ni les usagers d'un service censé être public.
Le personnel de GDF a appris au dernier moment, comme tout le monde, qu'il allait être privatisé et "vendu" à Suez.
Les salariés se souviennent que le gouvernement (Sarkozy en particulier) avait promis que la part de l'État ne descendrait pas en dessous de 70% du capital de GDF, et constatent que ce sera beaucoup moins. Ils ont entendu des ministres prétendre que Gaz de France allait absorber Suez, alors que c'est l'inverse qui est vrai. Les salariés donc n'ont pas la moindre confiance dans les discours rassurants du gouvernement et des directions.
L'inquiétude domine. Les réductions d'effectifs ne vont-elles pas s'accélérer? Des représentants des directions des branches commerciales de GDF se veulent rassurants... tout en déclarant que ceux qui ont quelque chose à redouter ce sont les comptables. Ici ou là, la direction de GDF n'a pas caché qu'il y aurait des coupes parmi les cadres...
Le personnel craint aussi pour le maintien du statut du personnel. Sera-t-il étendu au personnel de Suez, ou au contraire rogné puis supprimé? Que deviendra la garantie, de fait, de l'emploi?
D'autre part, il existe des tarifs préférentiels pour le gaz et l'électricité. Que deviendront-ils? Seront-ils étendus au personnel de Suez? Cela paraît peu vraisemblable. Le personnel EDF perdra-t-il ses avantages gaz, et réciproquement le personnel GDF perdra-t-il ses avantages électricité? Et qu'en sera-t-il pour les retraités qui sont actuellement à la fois EDF et GDF?
Dans un autre domaine, que deviendront les activités sociales (colonies de vacances, etc.) qui dépendent de la CCAS (l'équivalent des comités d'entreprise)?
Chacun s'attend au pire.
Face à cette situation, les fédérations syndicales et, au-dessus, les confédérations sont d'une timidité qui surprend même ceux qui sont habitués à leur très faible combativité.
Dans un très long communiqué, l'UFICT CGT écrit notamment: "Il est urgent que les responsables et les élus politiques, tant français qu'européens, reprennent la main sur ce secteur afin d'assurer l'indépendance énergétique, la sécurité d'approvisionnement et la réponse aux questions environnementales. (...) Les usagers, du particulier à l'industriel, ont besoin de sécurité et de garantie des prix." Il y en a trois pages comme ça. La fédération CGT défend "la politique énergétique de la France" et n'est pas avare de conseils au patronat.
Et pour les salariés? La CGT "entend se déployer auprès de tous les personnels (...) pour débattre de la situation, convaincre de la nocivité de ce projet de fusion et faire connaître les propositions alternatives de la CGT". C'est tout.
À la date du 7mars, plus d'une semaine après l'annonce de la fusion GDF-Suez, les fédérations syndicales ne s'étaient toujours pas mises d'accord pour une action. Elles n'ont rien proposé en guise de riposte, et surtout pas de manifester le 7mars car, voyez-vous, cela aurait pu entraîner une confusion avec ceux qui allaient manifester ce jour-là contre les CNE et CPE!
En fin de compte, ce sont des syndicats EDF et GDF CGT de Paris et région parisienne (et aussi de quelques villes de province), qui ont appelé à un rassemblement de protestation le 7mars. Pour Paris, à 11heures du matin dans la cour du centre de la rue Condorcet. Environ 400agents de Paris et de la proche banlieue y ont participé. Ce n'est évidemment pas beaucoup mais, après l'attitude démobilisatrice des dirigeants syndicaux, il n'y avait pas de quoi être vraiment surpris. Et même à ce rassemblement, il n'y eut guère de perspectives données. La seule conclusion émise par un responsable parisien fut: "Espérons qu'il sortira quelque chose de la réunion à la fédé de nos secrétaires qui a lieu jeudi soir."
On ne peut mieux faire comprendre que, pour se défendre, les travailleurs de Gaz de France ne peuvent compter que sur eux-mêmes.