CPE et ventes d'armes : Un monde presque parfait pour Dassault08/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1962.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

CPE et ventes d'armes : Un monde presque parfait pour Dassault

Le 3 mars, Serge Dassault a déclaré sur France Inter que le contrat première embauche est une "superbe idée", soulignant que les patrons auront ainsi tout le loisir de pouvoir juger les jeunes avant de les embaucher. À la question de savoir si deux ans pour se faire une opinion, ce n'est pas un peu long, Dassault a répondu au journaliste que celui-ci n'avait pas bien compris: le patron peut, c'est vrai, se séparer du jeune au bout de deux ans, mais il peut aussi choisir de le licencier "bien avant", au moment qui lui conviendra. Car le principe du CPE, cher au coeur de Dassault, c'est la flexibilité, côté patronal bien sûr. C'est en expert que ce patron parle de la précarité.

L'autre sujet de cette interview concernait le voyage de Chirac en Arabie Saoudite en tant que représentant de commerce pour différents "produits", dont l'avion Rafale de Dassault qui, jusqu'à présent, n'a pas trouvé preneur en dehors de l'armée française. Dassault n'a, dit-il, "pas de conseil à donner à Chirac", car celui-ci fait son "travail de président". Il est vrai que de Mitterrand à Chirac, les Dassault père et fils n'ont jamais manqué de serviteurs à l'Élysée.

Une société créée en 1974, Sofesa, continue aujourd'hui de réunir les marchands d'armes (Dassault, Thalès, EADS) et l'État, actionnaire à 5%, dans le but de préparer les "contrats d'État à État, notamment avec l'Arabie Saoudite". Elle est actuellement présidée par Bruno Cotté, ex-directeur général de l'exportation de Dassault Aviation, qui a accompagné Chirac en Arabie Saoudite, parmi de nombreux grands patrons. Dassault n'a certes pas de conseil à donner, mais il n'a pas pu cacher son amertume à propos du Rafale. Malgré ce "président qui fait son travail", il a été évincé par Boeing en Corée du Sud, après la visite de Bush, un représentant de commerce qui a le bras plus long que Chirac. Et pour l'Arabie Saoudite, il redoute aussi la concurrence du président américain.

Bref, pour Dassault, le monde actuel serait parfait s'il n'y avait pas cette concurrence d'autres présidents qui eux aussi épaulent leurs marchands de mort, avec des arguments bien plus convaincants.

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