CHU de Rennes : Non à la rentabilisation à tout prix!08/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1962.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CHU de Rennes : Non à la rentabilisation à tout prix!

Au CHU de Rennes, comme dans tous les hôpitaux, l'activité augmente sans cesse et les effectifs ne suivent pas. Tout au plus, quand la situation est trop tendue dans un service, la direction rajoute parfois quelqu'un en prenant sur l'équipe de remplacement. Exceptionnellement, elle laisse une personne en supplément pour quelque temps. Comme l'activité continue de croître, elle a alors du mal à revenir à l'effectif de départ!

Les infirmières de dermatologie sont en grève depuis le 27février contre une réduction de leur effectif. L'activité avait tellement augmenté qu'elles n'arrivaient plus à faire face. En 2005, l'équipe a été renforcée par l'arrivée d'une infirmière, à mi-temps pour raison de santé. Depuis janvier 2006, son état de santé s'étant amélioré, elle est à plein temps dans le service. La direction voulait donc récupérer ce poste. Devant la réprobation générale, elle a accepté de laisser 40% de cet emploi en dermatologie, mais pas plus. Alors, c'est la grève!

En pneumologie aussi, il a fallu de nombreuses interventions d'un personnel exténué pour que quelques postes soient accordés pour compenser, partiellement, l'augmentation de l'activité.

Plusieurs autres services ont également demandé des effectifs supplémentaires. La direction tergiverse. Sans nier le bien-fondé des demandes, elle refuse de les satisfaire sous prétexte, d'après ce qu'elle dit elle-même, que c'est dans de nombreux secteurs qu'il y a besoin de renforcer les équipes! Dans le contexte de restrictions budgétaires, la direction nous serine avec son budget, toujours insuffisant. Mais à qui la faute? En tout cas pas aux travailleurs de l'hôpital. Nous n'avons aucune raison d'accepter sans rien dire que nos conditions de travail et les conditions de soins des malades se dégradent. Nous vivons tous les jours les méfaits des restrictions en matière de santé. De nombreux services travaillent à la limite de la sécurité. On nous en demande toujours davantage et on nous fait la morale en plus, quand nous refusons de revenir sur un repos parce qu'un arrêt n'est pas remplacé!

Les réorganisations de services sont l'occasion de fermer des lits. En chirurgie vasculaire, par exemple, le service déborde en permanence et il y a des malades partout. La direction reconnaît avoir sous-estimé l'activité et avoir fermé trop de lits mais... elle n'a pas de solution. Au personnel de se débrouiller avec le bazar créé par cette direction qui voudrait diriger l'hôpital comme une entreprise qui doit "produire du soin".

Il faut que cela tourne! Alors la rotation des patients est accélérée, il faut les faire partir au plus vite. Certains cadres ou médecins n'hésitent pas à culpabiliser les familles pour qu'elles reprennent un malade alors qu'il sera une charge difficilement supportable pour elles. Qu'importe, il faut que l'usine à produire des soins fonctionne sans entrave. Ces pressions sont d'autant plus odieuses quand il s'agit de personnes âgées que les maisons de retraite refusent car "elles sont trop lourdes"!

Depuis des années, le CHU de Rennes est en pleine restructuration pour rentabiliser encore plus son fonctionnement. L'intensification du travail a été considérablement accélérée avec la mise en place des 35 heures. On doit faire en 7heures 40 ce qu'on faisait en 8heures avant. Les plannings sont imposés. Nous n'avons quasiment plus d'autonomie pour nous absenter, en dehors des trois semaines d'été.

Pour faire le maximum d'économie, l'activité du CHU va être concentrée sur deux établissements. L'Hôpital-Sud, où les travaux se déroulent dans des conditions lamentables, va devenir un hôpital femme-enfant. En dehors de la gériatrie, tout le reste sera à Pontchaillou où de nouveaux bâtiments seront construits. Le site est déjà engorgé et il est impossible de stationner. Un parking souterrain était prévu sous le futur bâtiment des urgences. Il ne sera pas construit: là aussi les usagers et le personnel n'auront qu'à se débrouiller!

Les pouvoirs publics et la direction poursuivent leurs objectifs en matière de gestion et d'économies et ils avancent quelles qu'en soient les conséquences. S'opposer à leurs mauvais coups est vraiment une mesure de santé publique!

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