Après le 7 mars : Contre le CPE et la précarité vers la troisième étape... et vite08/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1962.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Après le 7 mars : Contre le CPE et la précarité vers la troisième étape... et vite

Entre 400000 et 1 million selon les sources, et en tous cas le double de manifestants selon la police elle-même, la deuxième journée nationale contre le CPE et la précarité appelée par les confédérations des salariés, les organisations de jeunesse et la gauche a été un succès. Par le nombre d'étudiants mais aussi de lycéens dans les cortèges, elle a manifesté qu'en cinq ou six semaines, le mouvement a fait boule de neige. Elle a apporté une réponse à tous ceux qui, au vu de ses hauts et bas, s'interrogeaient ou mettaient en cause la réalité de ce mouvement et de la mobilisation étudiante.

De même la présence plus importante de salariés, même si c'était encore pour beaucoup des militants syndicaux ou politiques, est le reflet de l'adhésion d'une majorité des travailleurs qui comprend et soutient la lutte entamée par une fraction de la jeunesse. Les sondages ne font que le confirmer. Et comment aurait-il pu en être autrement? La précarité, contre laquelle une fraction des jeunes est entrée en lutte, est bien le fléau qui pèse sur tous, par tous les biais, celui qui permet aux capitalistes d'imposer une dégradation générale des conditions de vie et de travail, les licenciements, le chômage, les bas salaires...

Le parlement a voté la loi. Villepin assure qu'il ne reviendra pas dessus. Et alors? Ce sont là des raisons supplémentaires d'étendre et de fortifier la mobilisation. Les étudiants, qui se souviennent comment certains des prédécesseurs des députés et sénateurs actuels comme du premier ministre ont dû manger leur chapeau -il n'y a pas si longtemps, Balladur ou Juppé par exemple- y sont décidés. Ils ont déjà programmé de prochaines journées de manifestations et d'actions, le 9 ou le 14 mars. Dans beaucoup d'universités, ils ont affirmé l'intention d'étendre aux étudiants qui n'ont pas encore bougé, à d'autres facultés qui ne sont pas encore vraiment entrées dans la danse, aux lycéens qui dès leur retour de vacances viennent de montrer qu'ils sont prêts à le faire. Et l'Unef appelle toutes les universités à la grève jusqu'au retrait du CPE.

Les principaux dirigeants syndicaux, Thibault, Mailly et même Chérèque, ont tous affirmé au soir du 7 mars qu'ils entendaient donner une suite à cette journée réussie. Dès demain jeudi 9, les confédérations et les organisations de jeunesse doivent se réunir pour envisager cette suite. La coordination nationale étudiante a affirmé sa volonté de l'organiser en liaison avec les travailleurs et leurs organisations syndicales et politiques.

C'est bien en effet dans cette direction qu'il convient d'aller: donner une suite qui permettra de se retrouver toujours plus nombreux, jeunes et salariés, dans la lutte, dans la rue et dans la grève. Et cette fois à échéance rapprochée. Avoir fixé la seconde journée quatre semaines après la première, le 7 février, et avoir laissé passer les vacances scolaires et permettre aux noyaux déjà décidés de convaincre et d'entraîner toujours plus d'hésitants et de sceptiques était certainement de bonne tactique. La réussite du 7 mars en est la preuve. Mais tarder maintenant risquerait fort de laisser se dissiper l'élan. La coordination étudiante a évoqué le 16 mars, c'est-à-dire la semaine prochaine. Elle a évoqué aussi une manifestation nationale centrale. Ce jour-là ou un autre, cette action précise ou une autre... en tout cas il faut que ce jour soit proche et que l'action proposée permette de se retrouver encore plus nombreux, salariés et jeunes ensemble.

Bien sûr, l'avenir de cette lutte dépend de plusieurs facteurs: du fait que des fractions encore plus importantes de jeunes et de travailleurs se décideront à s'y joindre; de la volonté réelle de tout faire pour cela des organisations de la jeunesse, traditionnelles ou surgies dans ce mouvement (syndicats, coordinations, comités de mobilisation ou autres assemblées générales), mais aussi de celle des organisations ouvrières, syndicats et partis de gauche.

Ce mouvement a commencé parce qu'une petite minorité au sein des syndicats étudiants ou des organisations de gauche ou d'extrême gauche, s'appuyant sur des minorités étudiantes pas beaucoup plus larges, l'a voulu, a su convaincre autour d'elle, pousser ses propres organisations et s'adresser à celles du mouvement ouvrier afin qu'elles se mettent en branle à leur tour. Pour que le mouvement continue et se développe, cette tâche est toujours à l'ordre du jour des militants d'extrême gauche et plus que jamais nécessaire, dans les universités, les lycées, les entreprises et les syndicats.

Jacques MORAND


Convergences Révolutionnaires n° 44 (mars-avril 2006)

Bimestriel publié par la Fraction

Dossier: L'immigration cible des démagogues.

Articles: Les jeunes plus les salariés... tout est possible - CNE, CPE... bientôt tous précaires - L'école au kärcher - Belgique: L'asile garanti... pour les capitalistes français - Allemagne: Les grèves - Espagne: Deux ans de gauche au pouvoir.

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