8 mars 1956-8 mars 2006 Planning familial : Cinquante années de luttes pour le droit des femmes08/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1962.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

8 mars 1956-8 mars 2006 Planning familial : Cinquante années de luttes pour le droit des femmes

Cette année, selon un rituel désormais bien établi, les officiels de tout acabit et de tous pays -puisque cette journée est une journée internationale- consacrent UNE journée aux femmes sans que rien ne change pour elles.

Sauf quand des femmes et des hommes se mobilisent pour faire évoluer des moeurs qui datent d'un autre âge.

Il se trouve que ce 8 mars 2006 est aussi le cinquantième anniversaire de la fondation du Planning familial, créé le 8 mars 1956. Ces cinquante ans furent jalonnés de luttes pour que les femmes imposent un droit essentiel, et pourtant élémentaire, celui de disposer de leur corps comme elles l'entendent, le droit de choisir d'avoir ou pas des enfants.

Quand le Planning familial vit le jour, il portait le nom de "maternité heureuse". Ce choix d'une étiquette volontairement ambigüe traduisait le souci de ceux qui furent à l'origine de cette initiative, de ne pas avoir à affronter les foudres d'une loi datant de 1920, qui réprimait sévèrement "la provocation à l'avortement" et qui interdisait "toute propagande anticonceptionnelle". Ainsi, des femmes, mais aussi des hommes décidés, mirent sur pied, autour de madame la docteur Lagroua Weill-Hallé, des moyens matériels permettant de contourner cette loi réactionnaire dont les deux principaux piliers restaient les Églises, essentiellement l'Église catholique, et l'Ordre des médecins. Sans compter les élus (ceux ouvertement réactionnaires ou ceux qui n'osaient pas affronter les préjugés qu'ils prêtaient à l'opinion) qui refusaient de revenir sur cette situation.

Malgré toutes les difficultés, des mutuelles et quelques hôpitaux ouvrirent des centres de consultation du Planning familial. Mais il fallut attendre décembre 1967 pour qu'une première loi, proposée par le député gaulliste Lucien Neuwirth, soit votée et autorise la contraception, non sans réserves: les femmes de moins de 21 ans devaient avoir l'autorisation des parents, la Sécurité sociale ne remboursait aucun moyen contraceptif, la publicité restait interdite et les décrets d'application se firent attendre longtemps. Finalement, il fallut la mobilisation et les luttes des femmes dans les années qui suivirent, pour vraiment faire changer la loi.

En 1974, le Mouvement pour le planning familial donna naissance au Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception, le Mlac, qui prit la tête de nombreuses mobilisations et en particulier de campagnes dans lesquelles femmes et médecins reconnaissaient publiquement avoir pratiqué des avortements. En décembre 1974, à l'initiative de Simone Veil, alors ministre gaulliste de la Santé, une loi fut enfin votée autorisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Cinquante ans après le vote de la loi Veil, les droits des femmes à choisir à quel moment elles veulent ou pas un enfant est loin d'être acquis dans les faits. Les structures d'accueil, en particulier dans les hôpitaux publics, le nombre des médecins formés à la pratique des IVG, déjà notoirement insuffisants, diminuent. Les pressions des religieux de toute obédience, des milieux les plus conservateurs et les plus réactionnaires, exercent une pression permanente pour bafouer la loi, la rendre difficilement applicable, sinon pas du tout. En fait, en 2006, le combat courageux commencé il y a un demi-siècle par les hommes et les femmes du Planning familial reste encore d'actualité.

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