Tous ensemble, le 7 mars, et giboulées suivront!02/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1961.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Tous ensemble, le 7 mars, et giboulées suivront!

De quoi la journée du 7 mars sera faite, à laquelle appellent quasiment toutes les organisations syndicales de salariés, y compris les cadres de la CGC, toutes les organisations politiques de gauche et d'extrême gauche et toutes les organisations de la jeunesse scolarisée, à l'exception évidemment des corporations étudiantes de cireurs de pompe du gouvernement? Personne ne lit dans le marc de café, mais on peut espérer quelque chose de massif. Un rassemblement, dans la plupart des villes du pays, dont la cote de Villepin peut prendre un nouveau coup. Et surtout, ses machines à précariser que sont le CPE et le CNE, connaître leur chant du cygne. Les volatiles ne meurent pas tous de grippe aviaire.

La colère monte dans la jeunesse scolarisée

En particulier chez les étudiants, les premiers concernés par ce Contrat Première Embauche qui boucherait tout emploi fixe avant 26 ans. Des zones sont encore en vacances scolaires avec automatiquement un mouvement en veilleuse, mais non sans militants qui entretiennent la flamme! Et là où les cours ont repris depuis huit jours, en particulier la région parisienne, la mobilisation a franchi un pas. Assemblées de 800 à 1000 étudiants et plus, là où auparavant il y en avait 200 à 300. À noter au passage qu'un «blocage» organisé le 27février à la fac de Jussieu à Paris a été le coup de pouce pour que les étudiants encore hésitants rallient la bagarre contre le CPE. En la circonstance, tout le contraire d'un coup de force. C'est le signe qu'une quasi-unanimité se fait contre le projet gouvernemental, peu à peu et pas à pas, grâce à une propagande têtue. Pas toujours facile de comprendre d'emblée, ni dans le milieu jeune scolarisé ni dans le milieu ouvrier, en quoi cette «offre» d'un nouveau job est une illusion autant qu'un piège -sauf pour les patrons auxquels il fournirait de la chair fraîche au rabais, arrosée de nouveaux subsides.

Le mécontentement s'exprime dans le monde du travail

Militants syndicaux et politiques, dans les entreprises comme dans les unions locales, préparent la journée du 7mars. Non sans rencontrer des interrogations: un emploi même au rabais ne vaudrait-il pas mieux que pas d'emploi du tout? Des femmes salariées, souvent premières victimes de la précarité, sont les plus inquiètes pour leurs enfants. À juste titre. Le moins pire n'est pas l'ennemi du pire, au contraire il l'annonce. De reculs en reculs, du RMI de Rocard au RMA de Raffarin, des emplois jeunes de Martine Aubry au CPE de Villepin, la classe ouvrière s'enfonce dans la précarité, le chômage et les bas salaires. Les jeunes d'abord. Mais les plus âgés derrière: l'actuel gouvernement ne cache pas son projet, une fois le CPE imposé, de généraliser la formule à tous les salariés, c'est-à-dire de supprimer définitivement l'actuel CDI (qui déjà n'a pas évité le licenciement de centaines de milliers de travailleurs!).

Par la rue, le 7 mars et après

Si les chefs ou cheftaines du Parti socialiste ont pris des airs outragés au parlement contre le CPE, ils n'ont pas d'autre politique. Ségolène Royal vient de dire tout haut qu'elle ne serait pas Pénélope, défaisant la nuit le travail fait le jour dans l'attente du cher Ulysse. Pas question pour un gouvernement qu'elle dirigerait de défaire le travail des gouvernements passés! Pas question pour la gauche, si elle revenait en 2007 au gouvernement, de détricoter les mesures scélérates de ses prédécesseurs de droite (ou de gauche) contre les retraites, l'assurance chômage, l'assurance santé et l'emploi, à commencer par les CNE-CPE! Les Strauss-Kahn, Fabius ou Hollande sont encore moins des Pénélope! Le patronat exige, ils obtempéreront.

Reste donc la rue. Le pouvoir énorme qu'auraient les travailleurs mobilisés, aux côtés des étudiants et lycéens. Et si on en était à un début de révolte de ceux d'en bas, fatigués d'être ravalés toujours plus bas? Et si la journée du 7 mars, par son succès, encourageait vraiment à une suite? Et déjà, poussait les plus que poussifs qui sont à la tête des confédérations syndicales à dépasser leurs limites? Les éperonnait pour appeler à une autre, mais plus vite et encore plus massivement, donnant le signal d'une vraie contre-offensive? Une coordination étudiante dont la représentativité a certes des limites, appelle déjà à poursuivre le mouvement et les grèves dans les facs au-delà du 7 mars. Signe positif ou pas, Bernard Thibault boude l'invitation du gouvernement à discuter de «l'amélioration du dialogue social»! La ficelle (passer de la pommade dans le dos des responsables syndicaux à la veille du 7 mars) était certes grosse. Mais si le chef de la CGT, habitué des salons de Matignon, sent qu'aujourd'hui la farce du dialogue social passe mal, c'est au moins qu'il a du nez!

Oui, ce 7mars prochain doit être une belle journée. Mais surtout, il doit être la veille et l'annonce de jours encore meilleurs! Qui ne dépendront pas de la météo mais de nos efforts.

Michelle VERDIER

Convergences Révolutionnaires n° 43 (janvier-février 2006)

Bimestriel publié par la Fraction

Dossier: La crise permanente du logement.

Articles: Une année sans élections... - Le mythe de la «police de proximité» - SNCM, RTM, SNCF: les grèves torpillées de 2005 - Bosch, Fenwick: l'allongement du temps de travail - Des CCP à la banque postale: la privatisation en marche - Belgique: attaque contre les préretraites - États-Unis: Une nouvelle centrale syndicale - Iran, Irak: le mouvement ouvrier et communiste sous le feu.

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