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- Lutte ouvrière n°1961
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Leur société
Pour Ségolène Royal : Ce que la droite a fait n’est plus à faire
«Si la gauche revient au pouvoir, tout est-il à jeter dans les mesures prises par la droite?», a demandé une lectrice du Parisien à Ségolène Royal lors d'une table ronde organisée par ce journal avec une dizaine de ses lecteurs. «Je ne suis pas dans cet état d'esprit», a-t-elle répondu, «il est devenu insupportable de défaire la nuit ce que Pénélope a fait le jour! Je ne déferai pas pour le plaisir ce qu'a fait la droite».
Ségolène Royal n'a cependant pas poussé la franchise jusqu'à dire ce qui, selon elle, devrait rester en place: est-ce que ce sera la réforme des retraites qui a aggravé les conditions d'existence des travailleurs âgés? Les mesures concernant la Sécurité sociale qui rendent les soins de plus en plus coûteux? L'accroissement de la précarité, qui franchit aujourd'hui une nouvelle étape avec la mise en place du CPE et du CNE? Les travailleurs ont manifesté et fait grève contre toutes ces mesures, à juste titre, et pas «pour le plaisir», mais pour résister à la dégradation de leurs conditions d'existence.
Il y a quelque temps, dans la même veine, Ségolène Royal avait déclaré au journal britannique Financial Times qu'elle apportait son soutien à Tony Blair qu'elle jugeait trop caricaturé en France. «Face au chômage des jeunes, il a obtenu de vrais succès en recourant à plus de flexibilité, et plus de sécurité», avait-elle affirmé. Ségolène Royal, comme tout bon politicien, sait calculer son discours et peser ses mots.
Pour l'instant, les autres dirigeants socialistes ont choisi de rester dans le vague, laissant entendre qu'ils seraient «plus à gauche» que la majorité de droite au gouvernement, ce qui est à la fois facile et surtout ce qui ne veut rien dire. Ségolène Royal, elle, a choisi d'occuper un créneau différent en affirmant qu'il ne faudra pas, si la gauche arrive au pouvoir, s'attendre à une inversion de la politique menée par cette droite. À vrai dire, cette précision n'était pas nécessaire. Elle a donc choisi, pour l'instant, d'aller à la pêche aux voix dans le «marais» centriste.
Lorsque, parmi les dirigeants socialistes, celle qui est la mieux placée dans la course à l'Élysée par les sondages, tient ces propos, on a tout lieu de la croire. Elle dit tout haut ce que fera la gauche si elle l'emporte, quel que soit l'élu.
«Battre la droite pour réussir à gauche», comme le propose Marie-George Buffet, c'est se mettre à la remorque des politiciens socialistes. Et que ce soit Ségolène (Royal), François (Hollande), Dominique (Strauss-Kahn) ou Laurent (Fabius), on aura le même résultat: une politique de droite réalisée par la gauche.