Non à la généralisation de la précarité !02/03/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/03/une1961.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Non à la généralisation de la précarité !

L'État, selon certains, serait au service de la collectivité nationale tout entière. Il défendrait l'intérêt général, comme s'il pouvait exister un intérêt commun aux travailleurs et à ceux qui les exploitent. Mais l'actualité nous montre une fois de plus que si l'État est plein de sollicitude pour les patrons, il a un comportement bien différent vis-à-vis du monde du travail.

Pour mettre le groupe Suez à l'abri d'un rachat par un groupe italien, Villepin vient de décider de lui offrir Gaz de France, entreprise dont il proclamait il n'y a pas si longtemps qu'elle resterait étatisée.

Aux patrons qui réclament toujours plus de flexibilité pour pouvoir réduire les effectifs de leurs entreprises dès qu'ils le souhaitent, ce même Villepin a offert successivement le CNE, puis le CPE, qu'il ose présenter comme des contrats à durée indéterminée, alors que dans un cas comme dans l'autre l'employeur peut pendant deux ans se séparer d'un salarié sans avoir à donner la moindre justification. Et cela avec, en prime, pour le CPE, une réduction des cotisations sociales au bénéfice de l'employeur... et au détriment de la Sécurité sociale.

Les premiers procès aux Prud'hommes montrent comment les employeurs utilisent ces contrats que Villepin ose présenter comme une avancée sociale.

Pour le moment, Villepin n'a pas osé encore en venir à un unique type de contrat, établissant la précarité pour tous. Il préfère agir à petits pas, inquiet malgré tout des réactions possibles du monde du travail. Mais c'est bien cela qu'il prépare.

Devant le nombre grandissant de contrats de toute sorte, un certain nombre de patrons se sont d'ailleurs prononcés en faveur du CDI, qu'ils trouveraient tout à fait acceptable... s'il leur était plus facile de licencier et s'il s'accompagnait de nouvelles baisses des cotisations sociales.

En tournant autour du pot comme Villepin, ou de façon plus directe comme le souhaitent les représentants du patronat, c'est la précarité généralisée qu'ils rêvent tous de nous imposer, le retour au temps où les travailleurs devaient faire chaque matin la queue à la porte d'une entreprise pour savoir s'il y aurait ou pas du travail pour eux ce jour-là.

Nous ne pouvons pas laisser faire cela. Il faut montrer au patronat et au gouvernement que s'ils continuent dans cette voie-là, ils verront se dresser contre eux l'ensemble des travailleurs. Et il n'y a pas d'autre moyen de le dire que dans la grève et dans la rue.

Certains nous expliquent que c'est en 2007, en votant bien, que nous pourrons changer le cours des choses. Le Parti Socialiste, qui est dans l'opposition, se déclare aujourd'hui opposé au CNE et au CPE. Mais s'il revenait au gouvernement, nous n'avons aucune raison de croire qu'il mènerait une autre politique: il suffit pour s'en convaincre d'entendre celle qui est, paraît-il, sa meilleure candidate possible, Ségolène Royal, faire l'éloge de Blair, le Villepin britannique.

Le 7 mars, aura lieu dans toute la France une grande journée de grèves et de manifestations contre le CNE et le CPE, à l'appel des organisations lycéennes et étudiantes, qui se sentent directement concernées par le «contrat première embauche», comme des grandes organisations syndicales de la classe ouvrière. Il faut y participer le plus largement possible. Il faut en faire un succès.

Bien sûr, rien ne nous garantit que les confédérations syndicales voudront en faire plus qu'un baroud d'honneur. Elles nous ont tant habitués aux journées d'actions sans lendemain.

Mais c'est en donnant à cette journée le plus grand retentissement possible, que nous pourrons les pousser à faire plus. Que nous pourrons leur montrer, comme aux hommes qui sont au gouvernement et à ceux qui rêvent de les remplacer, que le monde du travail est décidé à mettre un coup d'arrêt aux attaques incessantes dont il est l'objet.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 27 février

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