Au Centre de distribution de La Poste du 14e arrondissement de Paris, la direction, en menaçant un collègue proche de la retraite de trois mois de mise à pied pour la seule faute «de ne pas donner une bonne image de La Poste», pensait frapper facilement les esprits et rappeler à tous, jeunes ou vieux, contractuels ou fonctionnaires, que nul n'est à l'abri d'une lourde sanction et que le mieux est de marcher au pas.

Conscient de cette menace de nombreux facteurs du 14e ont décidé de ne pas abandonner leur collègue seul face à la direction. 170 facteurs ont signé une pétition pour demander l'annulation du conseil de discipline et, à plusieurs dizaines, par surprise de bon matin, l'ont portée dans les locaux de la direction. Ensuite, répondant à l'attente de nombreux facteurs, la CGT et SUD déposèrent un préavis de grève pour le jour du conseil de discipline. Une cinquantaine de facteurs débrayèrent. La majeure partie après s'être rassemblée devant le Centre accompagna le collègue jusqu'au conseil.

Surpris et agacés, les «juges» durent entendre non seulement les témoignages des facteurs qui travaillent chaque jour avec «l'accusé», mais également trois usagers de la rue Vercingétorix desservie par lui, qui apportaient une pétition d'habitants du quartier solidaires de leur facteur. Ces témoignages émouvants montraient qui donnait une «bonne image» de La Poste depuis plus de trente ans... et qui la déconsidérait!

Finalement, le conseil dut en rabattre sur les exigences de la direction et ne sanctionner notre collègue que de deux semaines de mise à pied, dont une avec sursis, au lieu des trois mois demandés.

Bien sûr, c'est encore bien trop cher payé, et injustifié aux yeux des faits reprochés. Mais la solidarité exprimée par de nombreux collègues et des usagers a pesé, et la direction est tombée sur un os!