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Intermittents du spectacle : Les césars sous protection policière
Samedi 25 février, la remise des césars du cinéma français a été retardée de près d'une heure. Les intermittents avaient choisi cette occasion pour interpeller le ministre de la Culture et surtout dénoncer la politique du Medef qui entend durcir encore les conditions d'indemnisation.
Plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées, à l'appel de la CGT-Spectacle et de la Coordination des intermittents, devant le théâtre du Châtelet où devait avoir lieu la cérémonie des césars. La police était presque aussi nombreuse que nous: le théâtre était encerclé par plus de 200 gendarmes, il y avait 45membres des renseignements généraux dans la salle et Canal+, qui retransmettait la cérémonie, avait embauché 150 vigiles. Mais cela n'a pas empêché une dizaine d'entre nous de rentrer et de monter sur scène pour expliquer que, depuis l'accord de 2003, ce sont 20000 intermittents qui ont été exclus de l'assurance chômage. Pour eux, comme solution, il n'y a plus que le RMI. Cet accord accroît tellement la précarité que, par peur de ne pas faire les fameuses «507 heures» qui ouvrent droit au chômage, beaucoup acceptent de travailler dans des conditions qu'ils auraient refusées il y a trois ou quatre ans: salaires en diminution de 50 à 60%, tarifs en dessous des conventions collectives, heures supplémentaires ignorées... Pour travailler, il faudrait tout accepter et se taire. Et le patronat voudrait encore aggraver la situation! L'offensive contre nous est évidemment la même que celle menée contre tous les travailleurs, notamment avec les contrats de plus en plus précaires comme les CPE et autres CNE.
Nos camarades ont finalement été évacués de force. Dehors, la tension était vive. Et quand nous avons tenté de forcer le passage, il y eut quelques échauffourées avec les gendarmes, qui ont lancé des gaz lacrymogènes.
La cérémonie a alors pu se dérouler sans autre anicroche. Les marques de sympathie de la part des gens du cinéma ont été peu nombreuses, mais d'autant plus remarquées (Robert Guédiguian et Ariane Ascaride ont quitté la salle et les lauréats Jacques Audiard, Laurent Quaglio, Juliette Welfing ont dit un mot en faveur des intermittents). À l'adresse de tous ceux qui, dans le métier, préfèrent se voiler la face, Zabou Breitman a déclaré: «Si l'on avait attendu le moment opportun pour protester, on serait encore sous la monarchie.»
En tout cas, la colère monte chez les intermittents et la lutte commencée il y a trois ans n'est pas terminée. D'autres actions sont prévues, notamment une participation à la manifestation du 7 mars contre le CPE, et le lendemain, mercredi 8, une nouvelle manifestation jusqu'à Matignon... en attendant d'autres initiatives contre les monarques du Medef.