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Dans les entreprises
France Télécom : Des profits en hausse sur le dos du personnel
Le PDG de France Télécom, Didier Lombart, a présenté, le 14 février, les résultats de l'entreprise avec toute une mise en scène, tant en interne pour le personnel qu'en externe pour la presse économique.
Il avait de quoi pavoiser. Les profits atteignent 5,7 milliards d'euros (89% de hausse). C'est la première fois qu'ils sont aussi élevés depuis l'ouverture à la concurrence.
La décroissance des profits dans le téléphone fixe (de 50% en 2002 à 40% en 2005) est compensée par la croissance des profits dans les autres domaines (téléphone mobile, internet).
La direction compte d'ailleurs investir dans la construction d'un réseau de fibre optique qui arriverait directement chez les particuliers, en prévision d'un accroissement des besoins en débit demandés par les nouveaux services offerts sur internet.
Elle est à l'affût de l'apparition des possibilités de mise rapide sur le marché de nouveaux produits. Pour cela, elle a mis en place un technocentre chargé d'étudier les évolutions du marché à la semaine.
Ces profits permettent la reprise prudente d'une politique d'acquisition d'entreprises à l'étranger. Après l'achat d'Amena, en Espagne, France Télécom envisage d'acheter Tunisie Télécom.
Le renouveau des profits doit également servir à continuer à rembourser la dette, mais aussi à augmenter la rémunération des actionnaires, que France Télécom veut choyer. D'ailleurs, comme pour le bilan de toutes les grandes entreprises, il fallait un volet d'annonces de suppressions d'emplois pour leur faire plaisir... Didier Lombard n'a pas été en reste. Il a annoncé 22000 suppressions d'emplois en départs naturels (sans licenciements) pour 6000 recrutements dans les métiers commerciaux et informatiques sur trois ans, jusqu'à fin 2008.
Mais comment le faire sans licenciements? Le dispositif de Congé de fin de carrière (CFC) se termine fin 2006. Il permettait des départs à 55 ans avec un salaire de 70% jusqu'à la retraite, et a été utilisé par 98% du personnel concerné. Les syndicats revendiquent son renouvellement. Mais la direction ne proposerait, dans les négociations qui vont avoir lieu dans les mois qui viennent, que des temps partiels aménagés, moins avantageux que le précédent plan.
Toutes ces suppressions d'emplois pèsent sur les travailleurs, obligés de faire face à une augmentation de la charge de travail. Et ce n'est pas l'augmentation de la participation cette année (un mois de salaire en moyenne) qui peut compenser tout ce que nous supportons. On nous demande de nous adapter au sous-effectif et, en plus, de changer de métier, et cela avec le handicap, faute de recrutement, de ne plus être tout jeunes. Pour France Télécom, ceux qui ne supportent pas ces évolutions n'ont qu'à s'en aller...
Dans sa conférence de presse, Didier Lombard n'hésite pas à le dire en parlant des départs vers la fonction publique: «Le nouveau France Télécom est une entreprise commerciale avec une réactivité forte, ceux qui partent vers la fonction publique peuvent penser que, dans un poste administratif, ils auront un bonheur quotidien plus grand que dans une entreprise industrielle»!
Face à cette arrogance, les salariés de France Télécom ne restent pas sans réagir et ripostent face aux déclinaisons locales de toute cette stratégie. C'est le cas en ce moment notamment pour la remise en cause (dans le sens d'une aggravation) des règles de ceux qui travaillent en astreinte de nuit ou de week-end. Et puis un préavis de grève des syndicats était aussi déposé pour la journée du 7 mars. Car si la précarité existe déjà à France Télécom avec des contrats de temps partiel imposé, on voit bien l'utilisation que la direction pourrait faire de l'introduction du CPE.