Fin février, face à l'OPA lancée contre lui par Mittal Steel et afin d'inciter ses actionnaires à lui rester fidèles, Arcelor a annoncé un «plan de croissance 2006-2008» lui permettant de «maximiser la création de valeur pour les actionnaires du groupe».

Au cours de ces trois années, le groupe s'engage à redistribuer près de 16 milliards d'euros à ses actionnaires, contre deux milliards d'euros au cours des cinq exercices précédents.

Son PDG, Guy Dollé, a promis qu'Arcelor n'achèterait que des entreprises «garantissant aux actionnaires un rendement des capitaux employés d'au moins 15%» et que le pourcentage du bénéfice qui leur serait distribué sous forme de dividende passerait de 19% en 2005 à 30% en 2006, bénéfice qui pourrait atteindre 8,8 milliards d'euros d'ici 2008 si le marché tient ses promesses. En tout cas, le PDG d'Arcelor s'affirme optimiste.

Pour réussir ce plan, le directeur des affaires financières d'Arcelor explique qu'il va falloir faire des économies et que «on va se serrer la ceinture». Il ne précise pas qui est ce «on», mais soyons sûrs qu'il ne s'agit pas des actionnaires ni des hauts cadres dirigeants, puisque dans le même temps le groupe annonce «une rémunération de sa direction plus conforme à la valeur créée pour ses actionnaires»!

Il n'est toutefois pas dit que l'immense majorité des 94000 salariés du groupe, sans le travail desquels tous ces gens-là ne pourraient s'enrichir, accepte de subir sans réagir les bas salaires, les conditions de travail qui empirent et les menaces qui planent sur les emplois.