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Leur société
Après Outreau : En avant vers de nouvelles erreurs judiciaires!
Lundi 21 février, à Saint-Georges-des-Gardes, dans la région angevine, une famille s'est soudain retrouvée entre les mains d'une police d'autant moins amène qu'elle recherchait le ou les ravisseurs supposés de la jeune Aurélie, enlevée la veille à Jallais (Maine-et-Loire).
Les parents, appréhendés avec violence, ont cru dans un premier temps être victimes de rôdeurs. Mais il s'agissait de policiers! Le père a été emmené par les gendarmes, menottes aux poings devant les voisins, tandis que les policiers attendaient, avec sa femme, le retour de leurs trois fils pour le repas de midi. Le premier arrivé, ouvrier métallurgiste de 25 ans, se retrouva menotté, puis ce fut son frère, ouvrier de 20 ans. Le troisième, un électricien de 23 ans, a été arrêté à la sortie de l'usine. Son crime était de posséder une Peugeot 309 d'un modèle identique à celui utilisé par le ravisseur. En l'interpellant, les policiers lui ont cogné la tête sur le volant, tandis que dans les salles de rédaction locales, la nouvelle de l'arrestation des ravisseurs se transformait déjà en dépêches...
Le père et les trois fils furent ensuite cuisinés sans ménagement par des policiers bien décidés à les faire craquer. L'un d'entre eux a témoigné par la suite avoir été sur le point de le faire: «Je me suis dit: quitte à être dans la merde, je vais dire que c'est moi et on aura la paix, ils lâcheront les autres.» Pourtant, rien du détail des emplois du temps des uns et des autres ne collait avec ce qui était su de l'enlèvement.
Finalement, Aurélie ayant été retrouvée, le père fut relâché le lundi soir, et les trois garçons le mardi matin. Le procureur a assumé les mauvais traitements, défendant l'action des policiers, en se retranchant derrière «la nécessité de faire vite». Mais apparemment, on peut faire vite... et mal! Et si l'action des policiers est de trouver un coupable à tout prix, on ne voit pas en quoi cela aide à retrouver la personne enlevée.
Seul le maire du village a fait preuve de compassion, éditant une affiche en faveur de la famille faussement mise en accusation, et concluant qu'un tel mauvais traitement «peut arriver à chacun de nous!» Il aurait pu ajouter qu'on a d'autant moins de chances d'être traité décemment par la police et la justice qu'on appartient aux classes les plus pauvres de cette société.
Un fait divers qui montre qu'affaire Outreau ou pas, commission d'enquête parlementaire ou pas, tout est en place pour de nouvelles erreurs judiciaires.