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Leur société
152 médicaments déremboursés : Un remède de menteurs
Depuis le 1er mars, 152 médicaments, qui n'étaient déjà remboursés qu'à 35%, ne le sont plus du tout. C'est la deuxième vague de déremboursements de médicaments sous prétexte que leur service médical rendu, leur SMR, serait insuffisant; 82 sont déjà passés à la trappe en septembre 2004 et une troisième vague devrait concerner plus d'une centaine de médicaments d'ici à la fin de l'année 2006.
Ces médicaments déremboursés ne sont pas dangereux. Ils ne sont pas inefficaces. Et les autorités du ministère de la Santé répondent clairement sur les véritables raisons de leur déremboursement en déclarant notamment: «Tous les médicaments, même efficaces, n'ont pas vocation à être pris en charge par l'assurance-maladie obligatoire». Et d'ajouter qu'il est «impératif d'affecter les financements collectifs en priorité à la prise en charge des traitements les plus performants», sous peine de remettre en cause «la solidarité».
Ainsi donc, si les fluidifiants bronchiques et autres produits indiqués dans les bronchites et affections hivernales (ces médicaments sont les plus nombreux dans la liste) sont déremboursés, ce serait pour pouvoir mieux soigner les maladies plus graves. Comme les nouveaux médicaments qui traitent ces maladies sont très chers, il faudrait donc dérembourser les premiers. Et les responsables du ministère d'affirmer: «Le retrait du remboursement n'empêche pas l'accès à ces médicaments et contribue à une politique d'éducation et de responsabilisation des assurés sociaux.»
Quel mépris! Il est évident que seuls les malades qui en ont les moyens continueront à avoir accès aux médicaments dits «de confort», tandis que les autres devront s'en passer. Quant aux discours laissant croire que le remboursement de ces médicaments mettrait en péril «la solidarité», c'est-à-dire la Sécurité sociale, c'est un mensonge. Ce qui grève le budget de la Sécurité sociale, c'est le chômage, c'est le non-versement des charges sociales patronales. Et si la consommation de médicaments a sa part dans le déficit, ce n'est pas parce que les assurés sociaux se soignent trop, c'est parce que les laboratoires ont les mains libres pour pratiquer les prix qu'ils veulent.
Le gouvernement, tous les gouvernements sont aux petits soins à l'égard des laboratoires. C'est ainsi que, lorsque la décision de l'actuel déremboursement a été prise en août 2005, le gouvernement a offert aux industriels de la pharmacie l'autorisation de faire de la publicité auprès du grand public pour ces médicaments dès cette date, donc six mois avant la mise en oeuvre du déremboursement. Et pendant ces six mois, si les ventes ont augmenté, c'est la Sécurité sociale qui a payé!