À Sevelnord, non loin de Valenciennes, nous sommes environ 4000 pour produire, sur la base de la 806 Peugeot, des modèles de voitures communs à Peugeot, Citroën et Fiat.

Le fait d'être ainsi partagés entre trois marques permet à la direction de jouer sur tous les tableaux: elle fait du chantage en parlant des soi-disant difficultés financières de Fiat, et en oubliant les profits du groupe PSA. D'un autre côté, quand il y a des primes d'intéressement versées aux travailleurs de PSA, nous ne les touchons pas, n'étant soi-disant pas "dans le groupe PSA"! Par contre, quand PSA ou Fiat décident de faire des économies sur le dos de leur personnel ou réclament des augmentations de productivité, là, les décisions s'appliquent à nous aussi...

Ainsi, la direction de l'usine vient d'annoncer qu'elle allait embaucher 500 nouveaux travailleurs avant la fin du mois d'avril pour l'équipe de nuit. La nouvelle a été largement répercutée dans la presse. Peugeot, Citroën et Fiat y ont gagné une belle publicité gratuite. Mais la presse n'a pas tout dit et le directeur non plus! En fait d'embauches, la direction ne prévoit que 500 intérimaires et CDD. Rien que des emplois précaires, et pas une seule embauche réelle! Et ce dont la direction ne s'est pas vantée non plus, c'est qu'elle avait renvoyé auparavant 500intérimaires, CDD et CDI en supprimant la précédente équipe de nuit, qui s'était terminée en novembre dernier.

Pour cette équipe de nuit avec des horaires décalés, les volontaires dans l'usine ne se bousculent pas. En effet nous sommes censés commencer à 20h40 pour finir le lendemain à 4h10. Mais tout le monde est déjà prévenu: l'horaire pourra être allongé, car la coupure dite "de maintenance", placée en fin d'équipe de nuit, sert de plus en plus à rattraper la production manquante.

Par contre, plusieurs milliers de candidatures pour l'embauche en CDD ou intérim ont été envoyées à l'usine. Car la pression du chômage est telle que Sevelnord, comme Toyota d'ailleurs, qui est dans le même secteur, peut se permettre d'imposer une dégradation constante des conditions de travail et des bas salaires.

Pourtant, le groupe PSA fait des bénéfices: toujours plus d'un milliard d'euros, soit 4966 euros par salarié du groupe. La direction de l'usine Sevelnord se vante d'y avoir bien contribué, en économisant 12millions d'euros sur son budget de fonctionnement, ce qui fait 3000 euros par salarié Sevelnord.

D'un côté des bénéfices, de l'autre des économies: tout cela devrait permettre d'augmenter les salaires. Mais la direction ne parle que d'une augmentation de 1,85%, bien en dessous de la hausse du coût de la vie. Quant aux actionnaires, eux, ils n'ont toujours pas de problèmes de coût de la vie... C'est à nous qu'ils coûtent cher!