Procès de Gaz de France à Dijon : La sécurité délibérément sacrifiée22/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1960.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de Gaz de France à Dijon : La sécurité délibérément sacrifiée

C'est la première fois que l'entreprise Gaz de France figure directement comme accusée dans un procès, à la suite de l'explosion provoquée par une fuite de gaz à Dijon, en décembre 1999. Ce fait est à lui seul un scandale car, des explosions, il y en a eu bien d'autres sans que GDF soit inquiété, en tant que tel.

La justice s'est donc montrée très laxiste à l'égard de Gaz de France. Et puis en décembre 2004, cela a été l'explosion de Mulhouse, qui a provoqué 17 morts.

Le problème de ces catastrophes est parfaitement connu. Depuis des décennies, Gaz de France a fait installer des dizaines de milliers de kilomètres de canalisations en fonte qui se sont révélées cassantes. Depuis 1970, ce matériau est interdit et on utilise aujourd'hui, à la place du polyéthylène. Mais il aurait fallu remplacer d'urgence près de 30000 kilomètres de canalisations. Cela ne se fait pas en un tournemain et cela coûte cher. Gaz de France a donc pris son temps et le remplacement s'est fait au rythme moyen d'environ 1100 kilomètres par an, soit 28000 kilomètres en vingt-cinq ans de travaux. C'est relativement peu si l'on tient compte du fait que, de toute façon, fontes cassantes ou pas, GDF doit régulièrement effectuer des travaux d'entretien de ses installations avec creusement de tranchées. En outre, il existe également des canalisations en tôle bitumée, en particulier à Paris, dont GDF procède au remplacement.

Mais le pire, c'est que le travail a considérablement ralenti. Ainsi, en 1993, 1700 kilomètres ont été changés, alors qu'en 1997 il n'y en avait plus que 900 kilomètres, et en 1999 on était tombé à 700 kilomètres de tuyaux remplacés. Gaz de France, au début des années 1990, s'était engagé à résoudre le problème avant 2005, puis avait déclaré par la suite que ce ne serait pas terminé avant 2010.

Une des raisons invoquées, y compris par Gadonneix, le PDG de Gaz de France à l'époque et aujourd'hui PDG d'EDF, est que plus on se rapproche des zones sensibles, c'est-à-dire des immeubles, plus les travaux coûtent cher. Sans doute, mais cela signifierait que Gaz de France a décidé de faire en dernier les zones les plus voisines des immeubles, donc de faire courir aux habitants un risque maximum.

Certes le remplacement de 30000 kilomètres de tuyaux coûte cher. Et Gadonneix a évoqué les 3 milliards d'euros dépensés dans cette affaire. Mais GDF a dépensé bien davantage en opérations financières à l'étranger, en particulier dans le cadre de sa privatisation.

Aujourd'hui, à cause du procès, Gaz de France a décidé d'accélérer son programme de mise aux normes du réseau et promet que tout sera réglé d'ici à fin 2007, ce qui est loin d'être acquis. Il s'engage aussi à contrôler les fuites éventuelles trois fois par an au lieu d'une fois. Que n'a-t-il fait cela plus tôt!

L'ex-PDG Gadonneix a été cité comme témoin dans ce procès, pas comme accusé.

Gaz de France sera sans doute condamné à verser un dédommagement aux victimes, qui sera prélevé sur les factures des abonnés au gaz. Mais il semble que les responsables s'en tireront une fois de plus.

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