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Nucléaire iranien : Négociations musclées ou menaces à peine voilées?
La Russie a engagé des tractations à huis clos avec l'Iran, dans l'intention de mettre au point un plan prévoyant sur le sol russe l'enrichissement d'uranium destiné au nucléaire civil de Téhéran. Celles-ci n'auraient débouché sur aucun accord tangible. Parallèlement, l'Union européenne, en la personne de la commissaire aux relations extérieures, a fait savoir, lors d'une rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, qu'un "compromis" ne serait accepté par les Vingt-Cinq que si l'Iran revenait "au moratoire concernant l'enrichissement de l'uranium", qui seul "permettrait que la confiance soit rétablie". Les grandes puissances laissent planer le spectre de la rencontre de la dernière chance, pour l'Iran, avant la prochaine échéance, la réunion du conseil de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui doit avoir lieu le 6 mars prochain à Vienne.
L'Iran, jusqu'à présent, maintient sa position et affirme son droit, conforme selon ses dirigeants au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, à exercer une activité d'enrichissement "à petite échelle" dans un but de "recherche scientifique". Téhéran a même annoncé la reprise de sa propre activité d'enrichissement dans son usine de Natanz, ce que les États-Unis et les Européens jugent inacceptable. Conscient du rapport de forces, l'Iran a annoncé qu'il ne se servirait pas de l'arme pétrolière dans le conflit qui l'oppose aux grandes puissances occidentales sur son programme nucléaire: détenteur de 11% des réserves mondiales de pétrole, quatrième exportateur, il ne semble guère d'ailleurs être en mesure de supprimer ces rentrées commerciales.
L'importance stratégique des livraisons de brut iranien était cependant l'une des cartes que le président iranien Ahmadinejad avait agitées en direction des marchés pétroliers, en cas de sanctions à l'encontre de l'Iran. Il avait déjà lancé, lors des rassemblements organisés récemment à Téhéran pour commémorer le vingt-septième anniversaire du renversement du Shah, en 1979, un avertissement aux grandes puissances. Il menaçait de quitter le fameux "club" du Traité de non-prolifération, soutenu par les slogans d'une assistance qui scandait "la technologie nucléaire est notre droit absolu".
Et en effet, même si le régime de Téhéran n'inspire pas la confiance, ni en termes de paix au Moyen-Orient, encore moins en termes de liberté et de démocratie pour le peuple iranien, les grandes puissances qui entendent lui dicter sa conduite nucléaire ont fait la preuve qu'elles ne reculaient pas devant une intervention armée pour imposer leur "ordre", en Afghanistan comme en Irak.
Et dans ce concert de déclarations toutes plus ou moins en forme d'ultimatum, la voix qui domine est celle des États-Unis menaçant l'Iran. On ne peut qu'interpréter ainsi les déclarations agressives de l'ambassadeur américain à Bagdad, qui rappelait que "l'Iran fournit des armes et entraîne des milices et des groupes extrémistes en Irak".
Et les États-Unis, n'entretiennent-ils pas de milices en Irak? Ou plutôt toute une armée?