Dans son discours du lundi 30 janvier, Chirac a précisé que les programmes scolaires devraient faire une "juste place"à la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage du 10mai. On verra ce que vaut cet engagement, mais il y a de quoi faire car, jusqu'à présent, les manuels scolaires ne faisaient guère qu'évoquer l'esclavage et la traite des esclaves.

Ainsi la revue Manière de voir (Le Monde diplomatique) d'août-septembre 2005 relève qu'un manuel de niveau 5e édité par Magnard ne fait que relever que "la traite des Noirs a prélevé des millions d'esclaves" et que "Le départ forcé de ces millions de jeunes vers l'Amérique, l'Asie ou la Méditerranée a dépeuplé certaines régions et freiné leur mise en valeur".

D'autres manuels sont remarquablement neutres, ainsi le manuel de niveau 5e édité en 2002 chez Hachette note que "les Européens font venir des esclaves africains" et celui édité chez Hatier en 2001 y fait allusion brièvement: "Les colons ont fait venir des esclaves d'Afrique."

Peu de manuels mentionnent le Code noir promulgué en 1685, qui déniait toute personnalité civile et juridique aux esclaves considérés comme des "meubles", et qui ne fut aboli qu'en 1848. Aucun manuel ne raconte les souffrances, les humiliations que les Africains ont supportées pendant plus de trois siècles, aucun surtout ne rappelle que c'est de cette manière que les fortunes des grandes familles bourgeoises françaises se sont construites.