Le PDG d'Arcelor, G. Dollé, a justifié son refus de l'OPA de Mittal Steel par des "valeurs incompatibles". Arcelor serait une "entreprise citoyenne", comme elle s'intitule elle-même. La réalité vécue par les travailleurs d'Arcelor à Dunkerque est très éloignée de ce conte bleu patronal.

Tout d'abord, le nombre des emplois continue inexorablement à y diminuer. L'usine, qui produit plus de 6 millions de tonnes d'acier, ne compte plus que 3500 emplois équivalents temps plein. Ces dernières années, 430emplois ont été supprimés entre les deux usines de Dunkerque et Mardyck. La moyenne d'âge dans l'usine est de plus de cinquante ans. Mais la direction n'embauche que très, très peu de jeunes.

Arcelor, pour ses travaux de maintenance et d'entretien, fait appel en permanence à des entreprises sous-traitantes, qui elles-mêmes emploient des intérimaires. Les conditions de travail des 1800 travailleurs des entreprises sous-traitantes sont souvent dures et dangereuses. Des explosions, des accidents se succèdent depuis des mois, car la direction d'Arcelor fait des économies systématiques sur le matériel. Elle a supprimé de nombreux postes de travail qui permettaient le suivi des installations. Et il faut toujours faire vite, car seule la production compte.

Quant au niveau de vie des travailleurs, l'affaire récente de la mutuelle, qui augmente ses tarifs de 8 à plus de 11%, montre clairement l'attitude de la direction. Elle a refusé de compenser intégralement ces hausses "parce qu'il faut responsabiliser le salarié aux dépenses de santé". La morale de curés s'accorde ainsi parfaitement avec la course aux profits maxima.

La direction d'Arcelor se vante régulièrement de son souci de l'environnement. Mais la direction Fonte de l'entreprise expliquait elle-même fin 2004 que "l'environnement n'est pas une priorité budgétaire" et ne l'est pas devenu depuis. Arcelor est au premier rang des entreprises responsables de l'importante pollution industrielle sévissant à Dunkerque, tout comme elle est responsable d'une grande partie des malades de l'amiante. Elle fait tout d'ailleurs pour faire échec aux actions juridiques des travailleurs pour faire reconnaître ses responsabilités.

Oui, Arcelor a des valeurs, mais ce sont celles de la Bourse!