ZEP, "ambition réussite" : On déshabille les uns sans habiller les autres25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

ZEP, "ambition réussite" : On déshabille les uns sans habiller les autres

Les grandes manoeuvres gouvernementales ont commencé à propos des "zones d'éducation prioritaires" (ZEP), ces établissements qui bénéficient de quelques moyens supplémentaires. Une première liste de collèges appelés "ambition réussite" a été rendue publique.

Il s'agirait à terme de concentrer davantage de moyens sur 200 à 250 établissements considérés comme particulièrement difficiles. Un millier d'enseignants expérimentés y seraient affectés, entre autres pour suivre les élèves en difficulté et conseiller les jeunes professeurs. Ils bénéficieraient en outre de l'apport de 300 infirmières et de 3000 assistants pédagogiques, des étudiants chargés d'aider les jeunes.

Le problème est que tout cela se fera "à moyens constants" à l'échelle de l'Éducation nationale, en particulier en ce qui concerne le nombre de postes d'enseignants. Il est prévu de trouver les moyens envisagés pour les quelques collèges classés "ambition réussite" en les prenant sur ceux qui étaient affectés aux élèves de cinquième et de quatrième de tous les autres établissements. Par ailleurs, parmi les mille collèges et lycées actuellement classés en ZEP, plusieurs centaines vont être sortis du dispositif. Cela y entraînera une augmentation du nombre d'élèves par classe, les moyens actuellement affectés aux ZEP sont destinés pour l'essentiel à limiter le nombre d'élèves, à 25 par classe par exemple en collège.

Quels sont les critères pour sélectionner ceux qui seront classés dans la catégorie "ambition réussite", et ceux qui n'auront pas cette "chance"? On annonce la situation sociale des familles, le nombre d'élèves ayant un retard supérieur à deux ans à l'entrée en 6e, la faiblesse des résultats scolaires en 6e et le nombre d'élèves non francophones. Mais dans tous ces domaines les établissements aujourd'hui classés en ZEP sont tous, peu ou prou, dans la même désastreuse situation. Il n'y a aucune raison de priver les uns de moyens déjà insuffisants, sous prétexte d'en fournir un tout petit peu plus aux autres. Et cela d'autant plus que les quelques postes accordés aux établissements "ambition réussite" s'accompagnent de conditions qui risquent de mener tout droit à l'échec, à commencer par l'interdiction de faire redoubler les élèves.

La création de ces zones "ultra prioritaires" cache bien mal la volonté de réduire globalement les moyens affectés à l'éducation de ceux qui sont le plus en difficulté. Cette décision va de pair avec la suppression de 4500 postes dans le secondaire pour la rentrée 2007 et la réduction de près de 30% du nombre de places d'enseignants mises au concours de recrutement cette année. Un seul départ à la retraite sur deux sera remplacé! Cela laisse prévoir de telles difficultés, dans les années qui viennent, que bien des enseignants s'en inquiètent et s'en indignent. En Seine-Saint-Denis, depuis quelques semaines, dans plusieurs établissements ont eu lieu des grèves, des débrayages sous diverses formes contre la dégradation des conditions d'enseignement. Une journée de grève est prévue par tous les syndicats du primaire et du secondaire le jeudi 26 janvier. Dans ce département, il y aurait 15 collèges "ambition réussite" sur les 69 classés en ZEP actuellement, alors que la très grande majorité des 119 collèges du département nécessitent des moyens supplémentaires. C'est à un véritable "dynamitage de l'éducation", comme le dit l'appel à cette grève, que s'apparentent les mesures gouvernementales.

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