Quelle - Saran (Loiret) : Les employés sacrifiés sur l'autel des profits25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Quelle - Saran (Loiret) : Les employés sacrifiés sur l'autel des profits

Le 30 novembre dernier le groupe KarstadtQuelle, leader européen de la vente par correspondance (VPC), a annoncé la suppression de 209 emplois. En Allemagne, cela fait plus d'un an que, de restructurations en ventes de magasins, la direction sabre dans les effectifs pour faire remonter la courbe de ses profits.

Sur les sites de Saran (Loiret) et de Tourcoing (Nord) c'est le durcissement des exigences des actionnaires qui a conduit d'abord à une aggravation des conditions de travail ces dernières années, puis à des externalisations, et enfin à des licenciements.

Sur un effectif de 760 personnes à Saran, 180 emplois devraient être supprimés. Le directeur nous dit que licencier permettrait de sauver l'entreprise et qu'il ferait en sorte qu'aucun salarié ne se retrouve sans emploi. Mais comment le croire, lui qui par le passé a déjà "redressé" par les mêmes moyens une autre entreprise de la VPC?

Pour l'heure, dans l'entreprise, les pressions pour faire le rendement continuent comme avant. Tous les jours, nous recevons notre papier qui mentionne la cadence atteinte la veille, et qui pointe éventuellement les défaillances. Les problèmes de santé sont très nombreux: mal aux mains, aux poignets, aux coudes et aux épaules, hernies discales, effets du stress, etc. Les charges de travail sont éreintantes. Au service de la distribution, ce sont plusieurs milliers d'articles (vêtements mais aussi chaussures, draps, assiettes...) qu'il faut manipuler et aller chercher en haut, en bas, en ayant l'oeil partout. À l'expédition, c'est entre 60, 80 voire 90colis qu'il faut confectionner en une heure. Au courrier, c'est 200 enveloppes à l'heure qu'il faut traiter. Au reconditionnement des vêtements, c'est plus d'une centaine à l'heure, et ainsi de suite. Au téléphone, il y a un intervalle de deux secondes entre chaque appel... Pas étonnant que la Caisse régionale d'assurance maladie relève parmi les employés de Quelle un nombre anormal de problèmes de santé.

Ce ne sont évidemment pas nos salaires qui ont pu affecter les profits de l'entreprise, puisque dans certains services ceux-ci atteignent moins de 1000 euros pour dix ans d'ancienneté. Mais qu'importe aux actionnaires, ils n'en ont jamais assez.

Et parmi ces actionnaires il y a des gens immensément riches: selon le magazine américain Forbes, la fortune de l'héritière, Madeleine Schickedanz, est estimée à plus de trois milliards de dollars, ce qui la place parmi les 200 plus riches de la planète. C'est dans les poches de ces gens-là que se sont accumulés les profits.

Et il y aurait largement de quoi maintenir nos emplois et nos salaires. Quand il y avait des bénéfices, les actionnaires n'ont jamais proposé de les partager. Aujourd'hui, s'il faut faire des sacrifices, c'est à eux de payer, pas aux employées de Quelle.

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