Portugal : Victoire de la droite et cohabitation sans accroc25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Victoire de la droite et cohabitation sans accroc

Au Portugal, le premier tour des élections présidentielles du dimanche 22 janvier a donné la victoire au candidat de la droite, Anibal Cavaco Silva, avec 2,7millions de voix (50,6%). Il y a eu moins d'abstentionnistes que les 50% de 2001: 3,3millions, 38% des inscrits. Mais Cavaco Silva n'a guère dépassé les 2,6millions de voix recueillies en 1996, où avec 46% des voix il était loin derrière les 54% du candidat socialiste Sampaio.

À la suite d'un embrouillamini politicien, il y avait cette fois deux candidats socialistes. Ils totalisent 35% des voix: 20,7% au poète Manuel Alegre; 14,3% à Mario Soares, candidat officiel du PS, ministre inamovible de 1974 à 1985, puis président de la République de 1985 à 1995. Le Parti Communiste, avec Jeronimo de Sousa, obtient 8,6% des voix - 5,1 en 2001; le Bloc de Gauche, d'extrême gauche, avec Francisco Louça comme candidat, 5,3%- 3 en 2001; le PCTP-MRPP maoïste 0,4% -1,6 en 2001.

L'ampleur de l'abstention et la nette victoire de la droite expriment l'écoeurement d'une grande partie de la population laborieuse et son rejet de la politique menée par les ministres socialistes. Les deux présidents socialistes qui se sont succédé en vingt ans, Mario Soares puis Jorge Sampaio, ne sont pas forcément les principaux responsables de cette situation car au Portugal le président ne gouverne pas. En revanche, le PS a remporté les élections législatives anticipées du 20 février 2005 et le gouvernement socialiste de José Socrates a continué la politique de ses prédécesseurs de droite, aggravant encore la situation des travailleurs.

Les impôts ont augmenté, tout comme les loyers. La TVA vient de passer de 19 à 21% (plus 4% en deux ans!). Il y a plus de 500000 chômeurs, dont à peine 300000 reçoivent une maigre indemnisation. Les grandes entreprises suppriment des postes. L'émigration est en pleine croissance.

Les salaires sont partout bloqués. Malgré de nombreuses grèves, comme celle des employés communaux des 13 et 14décembre derniers, celle des cantonniers de Porto le 23décembre, celle des salariés de la compagnie aérienne TAP le 6janvier, l'augmentation du salaire des fonctionnaires reste limitée à 1,5% pour 2006. Cela signifie un recul net du pouvoir d'achat, avec une inflation bien supérieure. Par ailleurs on parle de réduire le nombre des fonctionnaires et de passer bientôt de 65 à 67 ans l'âge de leur retraite.

Sous prétexte de rééquilibrer la Sécurité sociale, plombée par la fraude massive des patrons qui lui fait perdre chaque année de 3 à 5milliards d'euros, des hôpitaux ferment un peu partout dans le pays, suscitant des manifestations, comme à Viseu, non loin de Porto, ou encore dans la région de Lisbonne. Deux millions de Portugais, un sur cinq, vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Le candidat du Parti Communiste en particulier a dénoncé cette misère des classes laborieuses, mais sans offrir d'autres perspectives que le bulletin de vote. Même Soares a tenu des propos qui pouvaient passer pour des critiques de son compère Socrates. Mais comment croire qu'il fera autre chose, lui qui pendant dix ans a cohabité sans accroc avec un Premier ministre de droite nommé... Cavaco Silva?

Cavaco Silva a déclaré que sa candidature était "au-dessus des partis" et qu'il serait "le président de tous les Portugais". Les élections passées, droite et PS vont maintenant gouverner en bonne entente, pour le plus grand profit des patrons et des banquiers.

Partager